D. Sorain aux forces de Sécurité: « Mourir sur les routes n’est pas une fatalité »

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Devant l’ensemble des responsables des forces de sécurité, le haut-commissaire de la République, Dominique Sorain, a adressé ses voeux pour l’année 2019. Un message dont voici les grandes lignes…

J’ai souhaité profiter de cette nouvelle année, pour convier les services qui concourent à la sécurité et à la protection de la Polynésie française et de tous les Polynésiens.

Depuis mon arrivée en Polynésie française, il y a six mois, je mesure quotidiennement votre engagement, votre professionnalisme et je tenais, avec mon directeur de Cabinet Monsieur Christophe  Deschamps qui est votre interlocuteur privilégié au Haut commissariat, à saluer le travail accompli.

Le ministre de l’Intérieur a souhaité récemment engager, au niveau national, une réflexion profonde autour de la sécurité, dans son acception la plus large, comme vous les savez. Les travaux du Livre blanc sont en cours. Ils offriront un diagnostic complet de la sécurité intérieure d’aujourd’hui et permettront de dégager des propositions adaptées aux territoires pour demain.

A cet effet, en parallèle des consultations déclinées sur chaque territoire auprès de l’ensemble des forces de sécurité et des citoyens, quatre groupes de travail ont été constitués et travaillent sur quatre questions structurantes pour la protection des Français : l’organisation des services, le continuum de sécurité, c’est à dire la nécessité de consolider le partenariat solide entre l’ensemble des forces de police et de Gendarmerie, les services de renseignement, les douanes, mais aussi avec les acteurs de la sécurité civile, les polices municipales et les sociétés de sécurité privées, les moyens matériels et en ressources humaines mis à disposition des forces de sécurité. Enfin, face à l’évolution de la délinquance et à celle des nouvelles technologies, il importe de s’adapter et de mieux anticiper.

Le 15 janvier dernier, j’ai convié les maires qui disposent d’un CLSPD et leurs polices municipales pour entendre leurs  préoccupations, pour recueillir leurs suggestions mais également pour leur rappeler la place prépondérante qui est la leur dans le continuum de sécurité en cela qu’ils sont au plus près de la population, qu’ils connaissent ses besoins mais aussi parce qu’ils sont bien souvent les premiers intervenants en matière de sécurité du quotidien.

Vous réunir aujourd’hui est pour moi l’occasion d’évoquer avec vous le bilan de l’année écoulée et de dégager des perspectives pour l’année 2020.

La lutte contre la délinquance : un bilan satisfaisant mais des priorités en matière de sécurité routière, de violences intrafamiliales et de trafic de stupéfiants
En termes de sécurité publique tout d’abord, les taux d’élucidation sont particulièrement satisfaisants (de l’ordre de 82 % pour ce qui concerne les violences). Ils témoignent de l’efficacité de votre action et de contenir la délinquance en Polynésie française.

En matière d’atteintes aux biens, on constate une baisse de 4% par rapport à 2018. Le taux de faits constatés pour 1000 habitants étant de 19.01 quand il est de 32.27 sur le plan national. A noter que ce sont les vols de véhicules et notamment de deux roues motorisés qui sont les plus impactés par une hausse.

Les violences volontaires à l’intégrité physique sont quant à elles en hausse de 17%. C’est la part des violences intrafamiliales (56%) dans les violences physiques non crapuleuses qui augmentent significativement. S’il convient de ne pas minorer ce phénomène d’importance sur le territoire, il serait juste de voir dans cette augmentation une résorption du chiffre noir, immédiate conséquence des politiques volontaristes en matière de lutte contre les violences
conjugales qui ont été menées sur l’ensemble du territoire.

Le nombre de faits constatés en matière d’infraction à la législation sur les stupéfiants connait une évolution de 10.2%. Elle traduit l’activité des services qui se sont concentrés avec succès sur le démantèlement des trafics d’ice en particulier. Ainsi, les douanes ont pratiquement multiplié par dix les saisies de produits stupéfiants.

Par ailleurs, en matière de saisie des avoirs criminels, l’activité combinée du GIR et des services de police et de la gendarmerie aura permis de saisir 1 581 411 € (188 712 530 XPF) soit une augmentation constante depuis ces 3 dernières années (+22.15% depuis 2016). Il s’agit là d’un arsenal supplémentaire dissuasif vis-à-vis des trafiquants qui voient dans l’ice ou le paka notamment une opportunité économique intéressante. Cela devra être amplifié en 2020.

Vous comprendrez bien que si l’on peut se féliciter de ce bilan, il ne saurait être question de s’en satisfaire parce que certaines problématiques appellent à une vigilance particulière au premier rang desquelles la lutte contre l’insécurité routière qui a été inscrite parmi les priorités du plan territorial de prévention de la délinquance. En 2019, en renforçant les contrôles, en consolidant notre dispositif de prévention par la création d’actions inédites telles que les
alternatives aux poursuites et en investissant l’espace médiatique, nous avons réussi à infléchir la mortalité sur les routes en préservant sept vies. Preuve s’il en est que mourir sur les routes n’est pas une fatalité.

Enfin, il nous faudra redoubler d’efforts dans la lutte contre les stupéfiants et en particulier contre l’ice. J’ai entendu la préoccupation de la population, l’inquiétude des tavana, je constate, comme vous tous les dégâts de la consommation, du trafic qui touchent toutes les couches de la société : une criminalité qui s’organise et qui devient plus violente, des impacts forts en matière sanitaire, des familles qui se déchirent. Face à ce fléau, nous devons agir ensemble avec fermeté et de façon coordonnée, en mutualisant nos moyens pour lutter plus efficacement contre les réseaux et la pénétration du produit sur le territoire. J’ai la conviction que c’est au prix d’actions de proximité avec les élus, avec les polices municipales, mais également avec les acteurs
associatifs et tous les relais d’opinion, au plus près des territoires que nous obtiendrons des résultats.

Enfin, je tiens à vous assurer de mon soutien plein et entier face aux outrages voire aux violences auxquels d’aucuns d’entre vous ont été confrontés dans l’exercice de leurs fonctions. Même si ces faits restent rares en Polynésie française, aucune tolérance ne saurait être admise vis-à-vis de ceux qui sont au service de la loi et de la République.

Au sein de cette famille de la sécurité civile, je souhaitais souligner l’action quotidienne des 650 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires qui ont assuré en 2019 au cœur des communes de Polynésie près de 32.000 opérations de secours dont près de 80% de secours ou d’assistance à personne. Par votre engagement et votre implantation en proximité, vous êtes le premier maillon de la chaîne d’urgence en complémentarité avec le SAMU.  De même, 418 actions de secours en mer ont été coordonnées par le JRCC représentant 275 sauvetages, 1289 personnes impliquées dont 235 secourus. Les moyens aériens militaires concourent fortement à la qualité et la rapidité des secours dans un contexte d’isolement et d’émiettement territorial. En 2019 toute la pertinence du dispositif interministériel des hélicoptères Dauphin et la compétence des personnels auront une fois encore été prouvées. Cette interministérialité se traduit également par l’engagement et la disponibilité des moyens militaires et notamment maritimes qui complètent les dispositifs de secours.

(extraits)

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