Essais nucléaires: la demande de remboursement de la CPS est « légitime » aux yeux du Premier ministre

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Le président Fritch est longuement revenu, ce jour, sur les engagements du gouvernement central par la voix de son Premier ministre, à la suite de la Table ronde de haut niveau sur les essais nucléaires français organisée les 1er et 2 juillet à Paris.

L’occasion pour le chef de l’exécutif local de redire, comme joël Allain avant lui: « Nous n’avons pas perdu notre temps ».

Edouard Fritch a ensuite fait état du courrier du Premier ministre dans lequel Jean Castex a souhaité, sans délai, faire part aux Polynésiens des conclusions qu’il tire de la rencontre avec la délégation Reko Tika « pour l’action du Gouvernement dans les mois à venir ». Et le président d’en conclure: « Nous entrons bien dans le concret et dans l’action ».

Il ajoute un peu plus loin avec satisfaction: « Globalement, au travers de son courrier, le Premier ministre non seulement confirme nos premières impressions, mais il apporte sans ambages des éléments de réponse à la presque totalité des doléances qui ont été présentées à l’occasion de la table ronde ».

Ouverture des archives

Sur ce point, tout sera déclassifié.

Cependant, et c’est parfaitement compréhensible, les archives contenant des informations dites « proliférantes », c’est-à-dire celles qui peuvent permettre d’avoir des éléments sur la construction de la bombe, ne peuvent être mises sur la place publique. Un travail de tri a déjà commencé et le Premier ministre indique qu’il sera « intensifié ».

Ainsi, et pour que « des fonds documentaires nouveaux soient communiqués très rapidement aux chercheurs et au public », le Premier ministre précise qu’une « commission sera chargée de superviser l’avancée des travaux » de tri.

Le Premier ministre réaffirme au passage « le soutien et la disponibilité de l’Etat à la création du Centre de mémoire », dont la conception, je le rappelle, relève de la responsabilité de la Polynésie française.

Conséquence sur la santé

« Ces conséquences ne peuvent être niées », a également indiqué le Premier ministre.

Pour lui, « mieux comprendre et connaitre les mécanismes d’apparition et de développement des maladies radio-induites est essentiel, et la question notamment du lien entre l’exposition à de faibles doses des rayonnements ionisants et le cancer de la thyroïde devra être approfondie ».

Il annonce ainsi « l’extension et l’approfondissement de l’étude Sépia » afin de « prendre en compte l’ensemble des travailleurs présents sur les sites du CEP ».

L’étude Sépia est une étude qui a été confiée en 2019 par l’Etat à l’organisme indépendant SEPIA-Santé et qui concernait les causes de mortalité d’une cohorte de plus de 30.000 vétérans qui avaient été présents sur les sites du CEP entre 1966 et 1996 et qui portaient des dosimètres. Elle va être étendue à l’ensemble des travailleurs sur site, et notamment les personnels civils qui ne portaient pas de dosimètre.

Il souligne également que la liste des maladies radio-induites « pourra être adaptée au fil des travaux internationaux et notamment de l’UNSCEAR », le comité des Nations-Unies sur les effets des radiations atomiques.

Indemnisation des victimes

Concernant l’indemnisation des victimes, Jean Castex réaffirme le principe posé par le Président de la République et qui doit s’appliquer : « l’Etat a créé un droit à l’indemnisation pour les victimes des essais nucléaires. Il a le devoir de permettre à tous ceux qui s’estiment victimes de présenter un dossier au CIVEN ».

 Le principe étant acquis, il fait aussi le constat que l’accès au dispositif d’indemnisation est complexe et peut décourager certaines personnes isolées.

Aussi, il précise que « la décision a été prise de mettre sur pieds une équipe constituée de personnes disposant de compétences médicales et administratives qui aura pour fonction de se rendre sur place, au plus près des Polynésiens, pour les informer sur leurs droits, les aider à évaluer leur situation de santé et à constituer leur dossier ». C’est ce que le Président a qualifié de « aller vers ». Il faut aller vers les gens et ne pas attendre qu’ils viennent à nous.

Le Premier ministre ajoute que cette équipe fera également ce travail auprès des ayant-droits et précise enfin « que le nécessaire sera fait par voie législative pour que le délai de dépôt des dossiers auprès du CIVEN soit repoussé de trois années (jusque fin 2024)». Enfin, des moyens financiers supplémentaires seront alloués au CIVEN.

Concernant la prise en charge par l’Etat des frais engagés par la CPS, le Premier ministre affirme nettement : « Cette demande apparaît légitime » et il rajoute « Il est normal en effet qu’à côté du dispositif d’indemnisations individuelles, les dépenses engagées par la collectivité fassent l’objet d’un remboursement ».

C’est bien la première fois que les plus hautes autorités de l’Etat abordent avec autant de clarté le sujet de la CPS. Le principe est donc acquis, reste à voir rapidement les modalités pour la mise en œuvre.

 Impact sur les territoires

Pour ce qui concerne Hao, le Premier ministre retient que « les modalités de dépollution du site » font l’objet d’une « perspective de solution technique envisageable », telle que cela avait été abordé par notre délégation. Pour lui, un travail commun des services de l’Etat, du Pays et de la commune « doit être engagé rapidement ».

Il ajoute : « de même, l’Etat poursuivra, en lien avec le Pays, son appui aux projets de développement des autres atolls proches de Tureia, Reao et Gambier ».

Pour ce qui concerne le CRSD, le Premier ministre a acté « la prolongation de la durée de ce contrat afin de terminer les opérations qui s’y rattachent » ainsi que « la prise en charge des coûts liés à la dépollution amiante des bâtiments ». Enfin, il précise clairement que « les crédits non engagés seront redéployés sur des action de redynamisation économique (et non désengagés comme c’est habituellement le cas) ».

En outre, il est question désormais du suivi des mesures et le maintien dans la durée au sein « d’une instance permanente de dialogue » Etat-Pays. A ce propos, Jean Castex y souscrit en ces termes : « J’y attache aussi beaucoup de prix. Aussi ai-je décidé de placer auprès de mes services un dispositif de coordination et de suivi de ces dossiers dans un format qui reste à définir, et dont je vous tiendrai rapidement informé ». Il va de soi que de notre côté nous mettrons également en place les structures adaptées pour que ce dialogue et ce suivi soient les plus efficaces possibles.

En conclusion, le président Fritch est apparu plutôt confiant: « Nous sommes animés par une profonde soif de justice, de vérité et de reconnaissance par l’Etat de ses responsabilités. Et, je crois sincèrement que nous sommes sur la bonne voie. Mais, il nous faut aussi, tous, prendre nos responsabilités, car nous ne connaissons pas le vrai si nous ignorons la cause. Dans tous les cas, je suis intimement persuadé que l’humanité se maintiendra par trois choses : par la justice, par la vérité mais aussi par la concorde, c’est-à-dire par l’union des cœurs et des volontés entre nous ».

extraits de l’intervention d’Edouard Fritch

 

 

 

 

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