La Chine, passée maître dans l’art du concentré de tomates

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Vous en avez sans doute mangé sans le savoir.

Pourtant sa fabrication regorge de parts d’ombre que le journaliste d’investigation Jean-Baptise Malet a révélé dans son enquête « L’empire de l’or rouge ».

Le concentré de tomates chinois se répand aux quatre coins du monde depuis que la Chine, à la fin des années 1990, a misé sur ce fruit et l’exporte dans le monde entier.

Un produit rentable dont les plus grandes multinationales se servent pour produire sauces et autres ketchups. Au départ, ce sont les industriels italiens qui ont amené la tomate en Chine et pour produire à bas coût. Le marché : des machines italiennes contre du concentré de tomates chinois. « Toutes les quantités de concentré de tomates chinois qui étaient produites à ce moment-là arrivaient directement dans le sud de l’Italie, à Naples et à Salerne », explique Jean-Baptise Malet.

Des zones d’ombre

Problème, le contrôle qualité est bien souvent inexistant et l’origine chinoise n’est pas mentionnée sur l’emballage des différents produits qui utilisent ce concentré de tomates. Certains producteurs ajoutent également des additifs sans le mentionner. Rien d’illégal selon Juan José Amezaga O’Farrell, trader de concentré de tomates. « Ce dont il s’agit, c’est de tromperie envers le consommateur », justifie-t-il. L’autre point noir de la production de tomates chinoises : les conditions de travail des cueilleurs. Ces tomates sont produites au Xinjiang, une région contrôlée par l’armée à l’ouest de la Chine où vivent les Ouïghours, une minorité musulmane durement réprimée et exploitée pour la cueillette de tomates. « Mais également, il faut le dire, des bagnards, des prisonniers, qui sont des prisonniers des laogai, qui sont dans des camps de rééducation par le travail en Chine », confie Jean-Baptise Malet.

Un marché en pleine expansion

Actuellement, 1000 tonnes de tomates sont déchargées dans le port de Salerne avant d’être reconditionnées, transformées et livrées dans toute l’Europe. Mais l’Europe n’est pas le seul continent exploité par le marché de la tomate chinois. La Chine mise également sur un marché prometteur : l’Afrique de l’Ouest. C’est ici que l’on consomme le plus de concentré par habitant au monde. Autrefois autosuffisant en tomates, le Ghana est aujourd’hui déstabilisé par cette nouvelle concurrence. Alors que ses usines ferment les unes après les autres, des Ghanéens migrent vers l’Europe et certains se retrouvent dans le sud de l’Italie à ramasser des tomates. Selon Jean-Baptise Malet, « il ne faut pas culpabiliser en tant que consommateur. Ceux qui sont responsables, ce sont les industriels qui produisent ces produits. C’est pour cela qu’il faut faire de la politique et engager un rapport de force avec eux. »

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