Lutte contre le diabète: le CESEC veut apporter sa contribution

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Les membres du Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC) doivent se réunir en assemblée plénière le vendredi 8 novembre 2019 pour débattre autour d’une proposition d’autosaisine présentée par Jean-François Wiart sur le thème du diabète.

Le diabète est un fléau du XXIe siècle. C’est une maladie chronique grave qui apparaît lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline (hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang, ou glucose), ou lorsque l’organisme n’utilise pas correctement l’insuline qu’il produit.

Il existe trois types de diabète :

  • le diabète de type 1 dit « insulinodépendant », qui survient généralement pendant l’enfance ou l’adolescence et qui se manifeste lorsque l’organisme ne produit pas d’insuline (ou lorsqu’il en produit très peu) ;
  • le diabète de type 2 dit « diabète gras » ou diabète de l’obésité (le plus courant en Polynésie), qui se manifeste lorsque l’organisme ne produit pas suffisamment d’insuline ou n’est pas capable d’utiliser adéquatement l’insuline qu’il produit ;
  • et le diabète gestationnel, un état temporaire survenant pendant la grossesse qui fait courir à la mère et à l’enfant un risque accru de développer un diabète de type 2.

Avec le temps, le diabète endommage l’appareil cardio-vasculaire, l’appareil rénal, le système nerveux ainsi que la vue. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), c’est la cause majeure de cécité, d’insuffisance rénale, d’accidents cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et son corollaire : l’amputation des membres inférieurs.

Le diabète constitue un problème de santé publique majeur et il est une des quatre maladies prioritaires ciblées pour une intervention par les dirigeants du monde. Cette maladie et ses complications grèvent par ailleurs sérieusement les finances des patients et de leur famille ainsi que le système de santé et l’économie des nations.

On a assisté au cours des dernières décennies à une augmentation constante du nombre de cas de diabète et de la prévalence de la maladie. À l’échelle mondiale, on estime que 422 millions d’adultes vivaient avec le diabète en 2014, comparé à 108 millions en 1980. L’OMS prévoit qu’en 2030, le diabète sera la septième cause de décès dans le monde s’il atteint le chiffre estimé de 522 millions d’individus touchés par cette maladie.

En Polynésie française, l’Atlas du Diabète 2017 estime que la prévalence du diabète de type 2 est de 22%, soit plus de 45 000 personnes atteintes de 20 et 79 ans dont 22 000 non encore diagnostiquées. Donc, une personne sur cinq est concernée. Selon la Caisse de prévoyance sociale (CPS), 3 000 nouveaux cas sont constatés chaque année. On considère que le diabète coûte au Pays annuellement trois milliards de Fcfp. La Polynésie française se classe ainsi parmi les pays les plus touchés au monde.

L’alimentation à l’occidentale, toujours plus riche en acides gras saturés, en sucres raffinés et pauvre en fibres alimentaires et produits frais est souvent retenue comme un des facteurs principaux d’apparition du diabète et de l’obésité. L’inactivité physique, la sédentarité se chargent du reste étant précisé qu’une part relève de l’hérédité et de facteurs génétiques.

Définition de la problématique posée

Si les causes de cette maladie sont connues, qu’en est-il des moyens permettant de prévenir et de combattre cette maladie en Polynésie française ?

Selon le rapport mondial sur le diabète de l’OMS, les pouvoirs publics, les prestataires de soins, les personnes diabétiques, la société civile, les producteurs alimentaires, les fabricants et fournisseurs de médicaments et de technologies peuvent contribuer de manière significative à l’arrêt de l’augmentation du diabète et à l’amélioration de la vie des personnes vivant avec le diabète.

L’OMS définit à cet effet un cadre général d’intervention. Son Rapport mondial sur le diabète donne une vue d’ensemble du fardeau de la maladie, des interventions disponibles pour l’éviter et le prendre en charge, ainsi que des recommandations à l’intention des gouvernements, des personnes au niveau individuel, de la société civile et du secteur privé.

Il rappelle à cet effet que « la lutte contre le diabète ne va pas de soi et qu’elle résulte d’un consensus collectif et des investissements publics dans des interventions qui sont abordables, efficaces au regard de leur coût et qui reposent sur les meilleurs données scientifiques disponibles ».

La Stratégie mondiale de l’OMS pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé vient compléter ces travaux sur le diabète en se concentrant sur des approches à l’échelle des populations visant à promouvoir un régime alimentaire sain et un exercice physique régulier, réduisant ainsi le problème mondial toujours plus grand posé par le surpoids et l’obésité.

Adoptés par les Nations Unies en 2015, les Objectifs de Développement Durable (ODD) constituent également une référence en ce qu’ils indiquent les actions à mener en faveur du bien-être de la population mondiale. L’objectif 3 vise à assurer la santé et le bien-être pour tous, à tout âge, autour de trois grandes catégories de mesures : la réduction des causes directes de décès et de maladies (dont le diabète), la diminution des facteurs de risques (tabagisme, violence, pollution, malnutrition, mauvaises conditions d’hygiène…) et l’amélioration des facteurs qui influencent indirectement la santé (pauvreté, chômage, inégalités de genre…).

Alors, qu’en est-il en Polynésie française où les chiffres de la maladie restent alarmants ? Quels moyens et stratégies efficaces peuvent être mis en place pour créer des environnements propices à un mode de vie sain ? Quelles mesures permettraient de prévenir et de traiter le diabète ? Comment renforcer les actions existantes ? Alors que toutes les mesures à mettre en place sont connues, pourquoi ne réussi-t-on pas à les (faire) appliquer : santé, éducation, réglementation sur les taux de sucre des produits manufacturés, règlementation des PPN et PGC, réglementation fiscale, responsabilisation du malade/de l’assuré social… (choix politiques, lobbying…).

Sur le plan gouvernemental notamment, le Schéma d’orientation Sanitaire (SOS) 2016-2021 fait de la lutte contre le surpoids une priorité dans les politiques sectorielles qui doivent réaliser des choix impactant positivement le mode de vie et l’environnement des Polynésiens pour une meilleure santé.

Le schéma de prévention et de promotion de la santé de la Polynésie française 2018-2022 propose lui une approche interministérielle et multisectorielle en fédérant les services publics du Pays, les communes et les partenariats public-privé autour d’un objectif commun : le maintien d’un bon état de santé pour la population polynésienne.

En l’état des éléments qui précèdent, le CESC souhaite, en tant qu’institution composée des membres de la société civile organisée, apporter sa contribution à l’arrêt de la progression du diabète en Polynésie française et à l’amélioration de la vie des personnes qui vivent avec le diabète.

II – Présentation générale du sujet

Au travers de ce sujet intitulé « le diabète : un défi vital pour les polynésiens », il s’agira, d’une part, d’établir un véritable état des lieux, d’examiner la situation du diabète et du processus mis en œuvre par les autorités (sanitaires, éducatives, sociales et économiques) et, d’autre part, de proposer et recommander un certain nombre de mesures permettant de réaliser une lutte efficace contre cette maladie en Polynésie française.

III – Pistes de réflexion à développer

Différentes pistes peuvent être suggérées en vue d’améliorer la connaissance et la gestion de cette maladie, de mieux la maîtriser et surtout d’interrompre son évolution.

Les grands axes pouvant être retenus dans un premier temps sont donc les suivants :

  • L’Etat des lieux de la maladie et des mesures mises en place

A – Situation générale : la maladie et ses complications, les chiffres, le dépistage, les soins ;

B – Les moyens et capacités de lutte contre le diabète (enquête auprès du gouvernement et de l’administration) : les politiques publiques, la réglementation, les interventions au niveau de la population.

  • Les propositions et recommandations de la société civile 

A – Au niveau de la prévention du diabète (de type 2) : les facteurs de risques modifiables comme le surpoids, l’obésité, la sédentarité, l’alimentation nocive pour la santé ; les actions pouvant être menées au niveau de secteurs différents.

B – Au niveau de la surveillance et de la prise en charge de la maladie.

C – Sur le plan économique et législatif, les mesures urgentes à mettre en place quant au mode de consommation des polynésiens.

Dans le cadre de cette étude, il sera utile de se rapprocher notamment des différents ministères intervenant dans le secteur de la santé, des affaires sociales, de la jeunesse et du sport, de l’économie et des services et établissements publics placés sous leurs tutelles (direction de la santé, services des affaires sociales, direction de la jeunesse et des sports, direction générale des affaires économiques…).

Le monde médical, associatif ainsi que les personnes atteintes par cette maladie doivent également être consultés et associés à la démarche du CESC de même que les entreprises ou personnes du secteur de la production alimentaires, les importateurs et producteurs locaux de produits sucrés (Brasserie de Tahiti, Brapbac…).

IV – Estimation de la durée de l’etude

La durée de l’étude est estimée à environ 2 mois et demi, à raison de 2 séances par semaine, soit 8 par mois, soit au total 20 séances.

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