Pourquoi il serait légitime de revaloriser le Smig en Polynésie française…

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Le 15 janvier dernier, à l’occasion de ses voeux 2019 adressés aux patrons et aux représentants des salariés, le président du pays, Edouard Fritch, a appelé les chefs d’entreprises à faire un geste. Aussi minime soit-il…

A la surprise générale, en effet, le chef de l’exécutif local s’est dit  » favorable à l’ouverture de discussions en faveur d’une revalorisation du SMIG qui n’a pas augmenté depuis 2014, afin que tout le monde bénéficie des fruits de la croissance. »

Cette petite phrase, à elle seule, contient tous les éléments qui -normalement- devraient concourir à ce que les employeurs s’exécutent.

D’abord, parce que depuis 2014, le salaire minimum interprofessionnel garanti plafonne autour de 152 000 Fcfp (brut) pour 133 000 Fcfp (net). Et encore, une telle revalorisation ne concernerait que les personnes qui effectuent un temps plein, soit 39 heures par semaine, ce qui n’est pas le cas dans un certain nombre de secteurs (restauration rapide, nettoyage-entretien etc).

Rappelons au passage que le gouvernement est tenu de procéder à une augmentation du Smig à partir du moment où l’inflation dépasse les 2% par an. Dans le cas contraire, si les discussions n’aboutissent pas, il peut toujours prendre une décision unilatérale.

En attendant, il faut bien reconnaître que les ménages les plus fragiles n’ont que les yeux pour pleurer…car il y a également beaucoup à redire sur le mode de calcul par l’ISPf de l’indice général des prix qui se fonde sur toute une série de produits et services. En l’occurrence, les « pauvres » n’ont que faire d’une baisse des tarifs dans le transport aérien international grâce à l’effet French Bee puisque pour la plupart, ils n’ont pas de quoi voyager ! En revanche, nous constatons tous une élévation régulière des prix dans le secteur alimentaire qui touche au plus près les familles…

Ensuite, les patrons seraient fondés à mettre la main à la poche dans le contexte d’embellie économique que connaît la Polynésie. Si les entreprises gagnent de l’argent, et c’est le cas… il serait naturel en effet d’en faire profiter aussi leurs salariés. C’est ce que le président appelle les « fruits de la croissance ». Lors des dernières négociations salariales, à part le secteur de l’hôtellerie qui a accordé une prime de fin d’année de près de 100 000 Fcfp, « personne n’a fait l’effort… », relève un syndicaliste qui a requis l’anonymat.

Pourquoi les patrons rechignent-ils à ouvrir le portefeuille. Deux arguments, de plus en plus contestables, reviennent en boucle comme un vieux disque rayé: « On a perdu beaucoup d’argent durant la crise de 2010 » et « le coût du travail est trop élevé dans nos îles ». Sauf que dans ce dernier cas, rappelons que le Smig (net) en métropole est supérieur de 20 000 Fcfp au notre. Alors, quoi ? Va t-on continuer à payer les gens au lance-pierre tout en leur demandant d’être efficaces, compétents et dynamiques ?

A l’inverse, accorder 3 000 à 5 000 Fcfp de plus par mois à chaque salarié courant 2019 – à l’instar de l’indice des fonctionnaires appelé lui aussi à augmenter d’ici quelques mois – serait tout bénéfice pour l’économie locale. Et pour cause, cet argent serait aussitôt réinjecté (et non épargné) dans le circuit, dans la production de biens et services qui comme chacun le sait génèrent des taxes pour le Pays. Ces mêmes taxes, converties en recettes budgétaires, qui sont souvent bien utiles pour financer les aides diverses accordées aux commerces en rénovation ou encore aux secteurs (automobile par exemple) en difficulté.

Cela fait deux ans maintenant que le Pays consacre – à juste titre – beaucoup d’argent pour soutenir les acteurs économiques et relancer la machine. cela a payé! Il est temps à présent de renvoyer l’ascenseur! Et ainsi, la boucle vertueuse sera accomplie.

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