Procès de Jonathan Daval: au coeur de la vie intime du couple

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Tout doit être dit et entendu dans une cour d’assises. Le procès de Jonathan Daval ne fait pas exception.

Les débats ont navigué dans les détails les plus intimes de la vie de l’accusé et de sa victime, Alexia, avec la froideur d’un rapport clinique, mardi 17 novembre. Avec maîtrise et humilité, le médecin légiste Antoine Tracqui a répondu pendant plus de sept heures aux très nombreuses questions des parties civiles et de la défense sur les différentes expertises qu’il a co-dirigées dans ce dossier. Avec un enjeu : solder les thèses de l’agression sexuelle et de l’empoisonnement, pourtant écartées au terme de l’instruction.

L’agression sexuelle, d’abord. Me Gilles-Jean Portejoie l’a dit tout de go au premier jour du procès : « Je pense qu’il y a eu une relation sexuelle après la mort d’Alexia. » En cause, la présence de sperme de Jonathann Daval dans le vagin, sur la culotte et le short de sa femme. L’intéressé avait évoqué un rapport sexuel trois jours avant les faits. C’est « compatible », répond l’expert. Un autre spécialiste en ADN confirme un peu plus tard que des traces de sperme peuvent persister malgré des lessives. « Et l’ecchymose à la marge anale ? » retrouvée sur Alexia, insiste Me Caty Richard pour les parties civiles. Hémorroïdes ou problème digestif, suggère Antoine Tracqui. La défense insiste pour évacuer le doute : « A-t-on la preuve médico-légale de l’existence d’un rapport sexuel post mortem ? »

Une « soumission chimique » ? 

L’empoisonnement, ensuite. Des résidus de médicaments ont été retrouvés dans le sang et les cheveux de la jeune femme. La cour d’assises ouvre la pharmacie du couple et un Vidal ne serait pas de trop pour y voir clair dans les nombreuses prescriptions effectuées à l’un comme à l’autre au cours des années précédentes. Du côté d’Alexia, au milieu des antitussifs et du traitement hormonal pour tomber enceinte, figuraient du Zolpidem, un somnifère, prescrit à trois reprises, dont en juillet 2016. Selon Jonathann Daval, son épouse a pris un comprimé le soir des faits. « Vraisemblable », selon l’expert.

Quant au Tetrazepam, ce décontractant musculaire lui avait été prescrit en 2011 et 2012, avant le retrait du marché de la molécule, « il peut s’agir d’un reste de prescription pris en automédication » peu de temps avant la nuit du meurtre, suppose le médecin légiste. Pour ce qui est du Tramadol, en revanche, mystère. Aucune trace de prescription de ce puissant antidouleur, dont la prise serait plus ancienne, n’a été retrouvée dans le dossier médical d’Alexia Daval.

Dans le langage savant des experts, l’empoisonnement devient « soumission chimique ». La question est posée par le président lui-même. Jonathann Daval a-t-il administré ces médicaments à sa femme ? Les spécialistes bottent en touche, se retranchant derrière la nécessité d’analyses complémentaires.

« On n’y était pas »

Idem pour les « crises » d’Alexia, décrites par son mari comme étant une conséquence de son traitement contre l’infertilité et qui seraient revenues « quelques jours » avant le drame. Si le médecin légiste écarte cette origine, il formule quatre hypothèses qui restent sans réponse : une cause épileptique, médicamenteuse, psychiatrique ou comportementale, liée aux problèmes de couple. Malgré un rendez-vous chez un neurologue, qui atteste de l’existence de ces moments d’absences, avec un goût métallique dans la bouche suivi d’une agressivité et d’une amnésie, « on a très peu de détails sur ces crises donc c’est difficile de savoir si le descriptif de Jonathann Daval correspondait ou non à la réalité », reconnaît Antoine Tracqui. « On n’y était pas », martèle comme un gimmick l’avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer.

Peut-être faudrait-il poser la question à l’accusé ? Depuis le début du procès, Jonathann Daval n’a pas été interrogé et les jurés ont à peine entendu le son de sa voix. Après avoir reconnu d’un « oui » être le seul impliqué dans le meurtre de sa femme, il s’est rassis dans le box. Il y disparaît parfois complètement, au gré des éléments abordés. Ce silence est lié au planning de l’audience, qui a relégué l’examen de sa personnalité en fin de semaine, après son interrogatoire.

L’audition très attendue d’Isabelle Fouillot 

Alors, Jonathann Daval écoute enquêteurs et experts évoquer ses problèmes d’érection et ses divers antécédents médicaux depuis ses cinq ans : « Une forte allergie aux acariens avec de l’asthme, des infections ORL variées, un eczéma récidivant au niveau des mains et du visage, une scoliose avec le port d’un corset pendant deux ans, des infections cutanées purulentes, une acné profuse pendant l’adolescence. » Un aspect physique qui lui donnait des complexes. Etrangement, le tableau médical d’Alexia décrit par l’expert fait l’effet d’un miroir : « Un très grand nombre d’infections ORL variées, un terrain allergique avec désensibilisation, un terrain asthmatique et une acné persistante et mal tolérée. » Les derniers temps, la jeune femme avait perdu du poids, faisant craindre à son entourage une anorexie. La défense va jusqu’à émettre l’hypothèse qu’elle s’était fait vomir entre la raclette et le dessert le soir de sa mort.

Malgré cette accumulation de détails sordides, l’intimité et la souffrance de ce couple n’a pas encore livré tous ses secrets. Le témoignage d’une amie de la famille d’Alexia remet un peu d’humanité dans les débats mardi. « C’était une fille lumineuse, rayonnante, pleine de vie. Je n’ai jamais vu Alexia criser, avoir des problèmes. Elle n’avait pas l’air anxieuse du tout, elle savait ce qu’elle voulait, c’était une jeune femme d’aujourd’hui », assure cette femme.

Source: Yahoo actualités

 

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