Sauver la protection sociale généralisée: faire le choix entre solidarité et individualisme

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Avant d’ouvrir les débats, ce matin à l’assemblée de la Polynésie française, sur deux projets de lois du pays étroitement liés – l’un portant réforme de notre protection sociale, l’autre portant simplification et modernisation de la fiscalité – le président du Pays, Edouard Fritch a prononcé une longue allocution dont voici quelques extraits.

Pourquoi réformer maintenant, à la veille d’échéances électorales importantes ?

Nous n’attendons pas, nous n’avons plus le temps d’attendre, nous agissons ! Parce qu’il n’y a pas d’autre alternative.

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A celles et ceux qui doutent encore de l’intérêt de sauver notre protection sociale, je réponds ceci : notre PSG constitue le capital de ceux qui n’en n’ont pas. Vous savez, les gens qui ont de l’argent n’ont pas besoin de la PSG. Les gens qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de la PSG. Notre caisse, elle est là pour tous les autres, ceux qui peinent à joindre les deux bouts, ceux qui sont touchés par la maladie ou ceux qui, tout simplement, font face à des charges familiales conséquentes. C’est pour eux que nous avons engagé cette réforme.

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Les chiffres parlent d’eux-mêmes! Notre population est malade et les dépenses de Santé flambent beaucoup plus vite que le niveau des recettes, d’où les déficits existants. Que faut-il faire ? Réduire le niveau de prise en charge des soins ?

En 2020, 1 Polynésien sur 6 était en longue maladie. Et un assuré social en longue maladie coûte en moyenne 11 fois plus cher qu’un assuré social de droit commun. Ces personnes en longue maladie représentent une dépense annuelle de 38,5 milliards de francs, soit 70 % des dépenses de maladie pour 18 % des assurés sociaux.  Ce sont des chiffres éloquents qui traduisent bien le caractère bicéphale du défi qui se présente à nous : sanitaire et financier.

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Petit message adressé au représentant Nuihau Laurey qui dénonçait l’absence de recherche d’économies…

Pour 2022, il nous faut trouver 12 milliards pour sauver nos prestations PSG. Pour les partisans de l’austérité, cela signifie opérer des coupes de mêmes niveaux dans les comptes sociaux. 10 milliards, cela correspond au budget annuel du handicap et de l’action sociale. Ou encore à un quart des pensions. Couper les dépenses, cela reviendrait à ne verser que trois quarts des pensions. Concrètement, pour la personne touchant l’équivalent d’un moni ruau, cela veut dire passer de 80 000 francs à 60 000 francs. Songez-y !

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Il est normal qu’un comptable, ou un ancien comptable, nous alerte sur la situation financière, et il est tout aussi normal que le décideur public ne s’arrête pas à ce seul paramètre. Le jour où nos orientations publiques seront définies sous le seul prisme financier, alors ce sera la mort de toute politique économique et sociale. Alors, l’hypothèse de coupes sombres dans les dépenses sera devenue la seule option. Cette logique pauvre transpire la stratégie du désespoir.

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L’augmentation de la CST ne portera que sur les salaires supérieurs à 400 000 Fcfp avec un impact somme toute mesuré au regard des enjeux.

Je pense qu’il est légitime que celles et ceux qui gagnent mieux leur vie, celles et ceux qui, dans leur grande majorité, n’ont pas été touchés financièrement par la crise, il est légitime qu’ils contribuent davantage pour soulager les plus humbles.

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Mais, là encore, nous avons voulu agir avec discernement. Ainsi, seuls les revenus mensuels supérieurs à 400 000 francs seront impactés, c’est à dire 30 % des salariés et 48 % des non-salariés seront concernés par cette nouvelle mesure. A titre d’illustration, une personne ayant un revenu mensuel de 500 000 FCP, aura une CST supplémentaire de 2 000 FCP par mois. Il nous semble que ce supplément est supportable.   

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En conclusion: solidarité ou individualisme ?

Le choix qui s’offre à vos consciences est clair : soit nous faisons le choix de la solidarité, et nous décidons donc d’en accepter le prix, soit nous faisons le choix de l’individualisme, débouchant sur un autre modèle social et économique.

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