21 jours d’exclusion du Parlement néo-zélandais pour un haka

La vidéo de leur haka avait explosé sur les réseaux sociaux… mais elle n’a pas plu au Parlement de Nouvelle-Zélande.
Trois députés maoris ont reçu ce jeudi 5 juin des suspensions records pour la danse traditionnelle qu’ils avaient faite dans l’hémicycle l’année dernière pour s’opposer à un projet de loi sur les peuples autochtones néo-zélandais.
Les dirigeants du Parti maori, Rawiri Waititi et Debbie Ngarewa-Packer, ont été exclus du Parlement pour une durée de vingt-et-un jours, la plus longue suspension jamais prononcée. Leur collègue du même parti, Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, la plus jeune députée du pays, a été suspendue pendant sept jours.
En novembre 2024, l’élue de 22 ans avait, en pleine séance, déchiré en deux une copie du texte et procédé avec d’autres élus à un haka, une danse traditionnelle chantée pratiquée par les Maoris pour impressionner leurs adversaires et, à l’international, par l’équipe nationale de rugby. Les images avaient fait le tour du monde.
Le texte censé être débattu ce jour-là visait à réinterpréter le traité de Waitangi, signé il y a presque 200 ans entre les Maoris de Nouvelle-Zélande et les colons européens, et considéré comme le traité fondateur du pays. Les détracteurs du projet de loi, finalement rejeté en avril par la représentation nationale, affirmaient qu’il aurait eu pour effet de démanteler des programmes, notamment d’éducation, destinés aux citoyens maoris.
Les députés maoris assurent qu’ils « ne se tairont pas »
« Le fait qu’on nous réduise aujourd’hui au silence rappelle celui de nos ancêtres […] Cela continue encore aujourd’hui », a réagi jeudi Rawiri Waititi à l’annonce de sa suspension, brandissant une corde en forme de nœud coulant. « Vous avez remplacé le nœud coulant par la législation. Eh bien, nous ne nous tairons pas », a-t-il ajouté.
Plus tôt, le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères, Winston Peters, s’était moqué du tatouage traditionnel de Rawiri Waititi qui recouvre entièrement son visage. « Celui qui crie là-bas, avec les gribouillis sur le visage… Il ne peut pas rester silencieux cinq secondes », avait affirmé Winston Peters, lui-même d’origine maorie, suscitant l’indignation de certains députés. « Ce sont des extrémistes. Et la Nouvelle-Zélande […] en a assez d’eux ».
Les suspensions votées et validées jeudi par le Parlement ont été soutenues par les trois partis de la coalition gouvernementale. Bien que pratiqué à de nombreuses occasions, le haka est souvent utilisé comme danse cérémonielle de guerre ou pour défier l’autorité. D’après Associated Press, les députés maoris se sont vus reprocher d’avoir quitté leur siège et avancé vers leurs opposants en dansant, une pratique jugée intimidante par le comité parlementaire chargé d’examiner les sanctions.
Hana-Rawhiti Maipi-Clarke estime que cet argument est injustifié, pointant que par le passé, d’autres élus se sont levés et approchés de leurs adversaires sans être sanctionnés. « J’ai été élue pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas, est-ce ça le vrai problème ? », a-t-elle demandé au Parlement. « Est-ce ça la vraie intimidation ? Nos voix sont-elles trop bruyantes pour cet hémicycle ? », a-t-elle poursuivi, affirmant que les Maoris ne se laisseraient pas réduire au silence.
source: HuffPost