Pénurie de soignants au fenua: toujours la faute des autres…

Dans un discours d’ouverture de la session budgétaire ce jeudi matin à l’assemblée, un propos de trente minutes sans saveur dont il est coutumier, le président du Pays, Moetai Brotherson, a brièvement soulevé la question de la pénurie de soignants au fenua.
Le phénomène est mondial! Face au vieillissement de la population, ici comme ailleurs, la prise en charge des patients est un véritable casse-tête pour tous les gouvernements. A l’hôpital du Taaone comme en sites isolés, c’est la débandade chez les professionnels qui, pour de multiples raisons, principalement financière, préfèrent aller travailler sous d’autres cieux Et la « dream-team » polynésienne se trouve confrontée à la même problématique.
La faute à qui ? L’actuel locataire de l’ancienne caserne coloniale à Papeete a sa petite idée sur la question et lui qui plaide généralement pour des discours neutres, apolitiques, n’a pas résisté à la tentation de tacler son prédécesseur Edouard Fritch. Et d’inviter au passage les représentants à l’assemblée à mener leurs propres investigations…
A l’en croire, en effet, les coupables seraient à rechercher parmi « ceux qui ont fermé l’ancien institut de formation « Mathilde Frébault », là où il y a quelques années encore on formait des infirmiers et infirmières. Une décision prise sous le précédent gouvernement mais Moetai Brotherson se garde bien de dire pourquoi une telle fermeture s’imposait alors…
Les raisons de la fermeture
Deux éléments ont été pris en compte: d’une part, la vétusté des locaux situés à proximité de l’ancien hôpital Mamao et d’autre part, la piètre qualité du niveau de formation qu’il convenait alors de revoir dans sa globalité.
Le 20 janvier 2021, Polynésie 1ère annonce d’ailleur: « Le Conseil des ministres a suspendu pour une période de trois ans l’inscription de l’institut Mathilde Frébault, à la plateforme Parcoursup. Les futurs étudiants désireux de se former à la profession d’infirmier devront postuler auprès d’instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) métropolitains. Ils auront la possibilité d’avoir recours aux bourses dispensées par le Pays selon le dispositif de droit commun.
Cette décision fait suite à la programmation depuis plusieurs années de la reconstruction de l’école, le bâtiment actuel nécessitant des travaux d’agrandissement et de mise aux normes qui vont s’avérer difficiles voire impossibles à mener si les enseignements sont maintenus, compte tenu de l’ampleur des travaux. Au terme de ces travaux, l’Institut Mathilde Frébault deviendra un centre de formation sanitaire et sociale. Les postes d’infirmiers disponibles et les besoins nouveaux seront pourvus par les 65 étudiants actuellement en formation, devant être promus sur les trois prochaines années. »
Si ce projet n’a pas prospéré, en revanche, le gouvernement Brotherson se voulait beaucoup plus ambitieux. Et d’annoncer, un peu hâtivement peut-être le 5 juillet 2023 dans un communiqué du Conseil des ministres « une réouverture de l’institut Mathilde Frébault courant 2024 ». On attend toujours…