Sortir la Polynésie française du piège du narcotrafic…
C’est en tous cas l’un des objectifs affichés par les plus hautes autorités de l’Etat à travers cette vente aux enchères de viens saisis qui a rapporté un peu plus de 27 millions de Fcfp.
La lutte contre la criminalité organisée est d’abord l’engagement des forces de sécurité intérieure (police, douanes, gendarmerie au quotidien), aux côtés des polices municipales. Cette collaboration permet de contrôler les flux aériens, maritimes et routiers afin d’empêcher l’entrée ou la circulation des substances illicites et de traquer les consommateurs, les vendeurs et les produits, pour identifier et démanteler les réseaux. C’est aussi la mise en œuvre de tous les outils juridiques par l’autorité administrative et judiciaire, en complémentarité.
La loi du 13 juin 2025 « visant à sortir la France du piège du narcotrafic » accorde au représentant de l’État sur le territoire de nouveaux moyens d’action pour démanteler les réseaux criminels et protéger la société contre les trafics de stupéfiants. C’est le cas de l’interdiction administrative de paraître sur des points de deal, ou encore de la fermeture administrative temporaire d’établissement, permettant de stopper des activités de blanchiment ou la récidive de ces activités. Ainsi en octobre, sur ce fondement et sur la base de faits condamnés par le tribunal correctionnel de première instance de Papeete, le Haut-commissaire de la République avait ordonné la fermeture administrative, pendant un mois, d’un snack situé boulevard Pomare à Papeete.
Les ventes de biens saisis ou confisqués par la Justice
En complément de ces nouveaux leviers juridiques, la vente judiciaire de biens saisis ou confisqués et un dispositif qui permet de frapper les délinquants au portefeuille en les privant des biens qu’ils ont acquis grâce à leurs activités criminelles. Ainsi, dans le cadre de procédures judiciaires diligentées dans le ressort de la cour d’appel de Papeete, une vente aux enchères de plusieurs biens de valeurs saisis ou confisqués (voitures de prestige, jetskis, montres de luxe, etc.), a eu lieu ce jeudi 4 décembre 2025, à Papeete.
Cette vente illustre la forte mobilisation des services de l’Etat dans leur lutte contre les trafics illicites générant d’importants bénéfices monétaires. A la réponse pénale « classique » (emprisonnement, amende) s’ajoutent désormais des répercussions financières d’importance pour les auteurs de ces délits, à savoir la confiscation des biens mal acquis, intensifiant par là-même la lutte contre le blanchiment d’argent sale.
Les sommes ainsi perçues à l’issue de la vente ont atteint le total de 23 610 000 de Fcfp HT, soit 27 387 600 Fcfp TTC (11% CSDOM, 5% DAF pour droits d’enregistrement)
Le produit de cette vente sera ensuite affecté à l’AGRASC, agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. Les montants seront notamment affectés au budget général de l’État, aux victimes, à la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) ainsi qu’aux juridictions et services d’enquête luttant contre la criminalité et la délinquance organisées, conformément aux dispositions législatives et réglementaires nationales ainsi qu’au statut de l’Agence.
Cet établissement public à caractère administratif, opérateur de l’État depuis 2011, est placé sous la tutelle conjointe des ministres de la Justice et des Comptes publics. Le président de son conseil d’administration et son directeur général sont des magistrats de l’ordre judiciaire. Les principales missions de cette agence sont de centraliser et gérer les biens saisis dans le cadre des procédures pénales sur l’ensemble du territoire national (Hexagone, départements et territoires d’outre-mer), gérer les biens qui lui sont confiés et assurer la gestion et la vente des biens saisis. L’agence peut également procéder à des affectations de biens mobiliers ou immobiliers à des associations reconnues d’utilité publique.
D’autres ventes seront programmées au premier trimestre de l’année 2026.
source: communiqué HC, ministère de la Justice, Finances publiques et Agrasc – Illustration: DR
Ndlr: regrettons simplement que les sommes tirées de cette vente ne soient pas plutôt réinvesties dans la construction, par exemple, d’une structure de soins pour venir en aide aux personnes addictes à l’ice ou au pakalolo. C’est l’un des reproches, à tort ou à raison, les plus entendus et lus sur les réseaux sociaux.
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