Convoiturage: l’échec cuisant de Jordy Chan

Dans son rapport d’observations définitives sur la politique du Pays en matière de transports terrestres de 2020 à aujourd’hui – dossier qui sera débattu jeudi prochain à Tarahoi – la chambre territoriale des comptes (CTC) fait un focus sur l’une des initiatives conduites par le ministre de l’Equipement, Jordy Chan, visant à promouvoir le covoiturage. Et autant le dire tout de suite, les résultats ne sont pas convaincants…
« Dans le rapport d’orientation budgétaire 2024, l’organisation du covoiturage figure parmi les actions permettant de tendre vers l’objectif de réduction de la congestion routière et d’amélioration de la mobilité des usagers. Le covoiturage apparaît comme une solution complémentaire aux autres solutions de mobilité afin de réduire la part de l’autosolisme dans les déplacements », explique la Chambre.
Et d’expliquer qu’à la suite d’un appel à projet lancé fin 2023 pour le « déploiement d’une preuve de concept d’une solution de covoiturage », la Polynésie française a retenu un lauréat chargé de développer une application mobile, Wigo. Une subvention de 49 MF CFP lui a été attribuée en 2024 pour le développement de l’application de covoiturage Wigo, la mise en oeuvre d’actions de communication et d’animation ainsi que le financement de crédits pour inciter à covoiturer. Un portefeuille virtuel permet de verser un crédit mensuel de 500 F CFP aux utilisateurs de l’application Wigo.
Pas de modèle économique rentable
Mais force est de constater que « les résultats sont encore faibles ». D’autant qu’en raison de difficultés techniques rencontrées par la société, des retards ont été constatés pour le développement de la deuxième version de l’application, intégrant un système de géolocalisation et une proposition de trajets planifiés et en temps réel. En effet, bien que le mois de mars 2025 affiche les meilleurs résultats depuis le lancement de l’application avec 831 trajets comptabilisés, ce résultat est encore loin de l’objectif de 5 000 trajets mensuels qui conditionne, avec six autres indicateurs, l’octroi de la cinquième fraction de 4 % de la subvention, soit 2,1 MF CFP.
Parallèlement à la mise en place de l’application, la Polynésie française a fait appel à un bureau d’études pour élaborer un diagnostic de la pratique du covoiturage et des freins potentiels à l’intégration de ce mode de transport dans les habitudes de déplacement des habitants des îles de Tahiti et de Moorea. Cette étude identifie un potentiel de développement du covoiturage sur Tahiti et Moorea du fait de la configuration géographique des territoires et de la centralisation d’une majorité des emplois et formule des recommandations pour la définition d’une politique de covoiturage adaptée au territoire, c’est-à-dire un covoiturage « du quotidien ». En revanche, l’étude exclut qu’un opérateur privé puisse être en mesure de construire un modèle économique rentable à court terme.
En conclusion, la CTC recommande au Pays « de produire le bilan de la pertinence de l’application Wigo, afin de décider des suites à apporter à cette expérimentation et de son insertion éventuelle clans un plan d’actions plus large qui pourrait être déployé dans les années à venir pour encourager le développement du covoiturage en Polynésie française, notamment par la réalisation des infrastructures et aménagements nécessaires à la pratique du covoiturage, de fortes actions de communication auprès (le In population ou encore un réexamen des incitations financières. »
source: CTC