10 novembre 2025

Recrudescence mondiale de rougeole: vigilance en Polynésie

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Malgré son élimination reconnue dans plus de quatre-vingt pays – dont vingt-et-un pays et territoires du Pacifique qui ont reçu la certification d’élimination de la rougeole et de la rubéole en 2025 – la rougeole connaît une recrudescence mondiale, menaçant même les pays à haute couverture vaccinale comme la Polynésie française, peut-on lire en guise d’alerte dans le dernier Bulletin de surveillance sanitaire édité par l’Arass.

Elle reste une cause majeure de morbidité et de mortalité, avec un taux de létalité de 1 à 3 décès pour 1 000 cas, plus élevé en cas de malnutrition ou d’accès limité aux soins. La vaccination a permis de sauver plus de 56 millions de vies au niveau mondial entre 2000 et 2021 (OMS). Cependant, la pandémie de COVID-19 a entraîné une baisse inquiétante de la couverture vaccinale et perturbé la surveillance, favorisant la résurgence d’épidémies. La possibilité de cas importés en Polynésie française
est réelle, d’où l’importance de rester vigilant et de contacter le BVSO pour tout cas suspect.

En 2025, le Canada, les États-Unis et plusieurs pays européens signalent une forte hausse des cas, illustrant l’importance de maintenir une couverture vaccinale élevée contre cette maladie hautement contagieuse. Au Canada, où la transmission endémique avait disparu depuis 1998, 5138 cas ont été recensés cette année, suite à des importations et des zones sous-vaccinées. Aux États-Unis, 1681 cas confirmés ont été rapportés depuis le début de 2025, contre 284 en 2024, dont 87 % liés à des flambées locales dans des régions insuffisamment vaccinées.

Dans le Pacifique Sud, la circulation virale persiste. En Australie, 146 cas ont été notifiés en 2025 ; la couverture vaccinale atteint 95 % pour deux doses à 5 ans, mais certains territoires ruraux restent sous ce seuil. En Nouvelle-Zélande, dix-sept cas ont été confirmés ; le taux global de vaccination, autour de 82 %, demeure insuffisant. Une campagne de vaccination (3–7 novembre 2025) a été lancée pour accroître la couverture. Ces épidémies ont conduit plusieurs îles du Pacifique à renforcer la prévention. Aux Samoa, le ministère de la Santé appelle les parents à vérifier le statut vaccinal de leurs enfants, et aux Îles Cook, une surveillance renforcée des voyageurs venant d’Australie et de Nouvelle-Zélande est maintenue.

En Polynésie française, malgré une couverture vaccinale estimée à plus de 95 %, la circulation active du virus dans la Région et l’existence possible de poches sous-vaccinées exposent à des cas importés, notamment chez les groupes d’âge partiellement vaccinés. Il est donc crucial que les cliniciens et biologistes signalent rapidement tout cas suspect au BVSO afin de confirmer le diagnostic par PCR et d’appliquer les mesures de prévention nécessaires, surtout chez les patients
revenant de voyage, pour lesquels la suspicion doit être renforcée.

La présentation classique comporte une phase catarrhale de 3 à 5 jours (fièvre ≥ 38,5 °C, toux, rhinopharyngite, conjonctivite, malaise), suivie d’une phase éruptive morbilliforme durant 4 à 7 jours, débutant au visage puis s’étendant au corps. Les patients sont contagieux de 1 jour avant les prodromes jusqu’à 4 jours après le début de l’éruption. Des formes atypiques surviennent parfois chez les sujets partiellement vaccinés, et les complications graves — pneumonies infantiles ou encéphalites adultes — touchent surtout nourrissons et personnes malnutries.

Source: Bulletin de surveillance sanitaire

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