8 décembre 2025

Un bonus de 528 000 Fcfp par an pour les infirmiers et infirmières

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Nous vous proposons l’intervention de Cathy Puchon au nom du groupe Tapura huiraatira à l’assemblée de la Polynésie française sur le Projet de délibération portant modification de la délibération n°2010-3 APF du 28 janvier 2010 modifiée portant statut particulier des personnels infirmiers de la fonction publique de la Polynésie française.

Il n’aura pas fallu bien longtemps – moins d’une heure montre en main – pour approuver le 1er décembre dernier en commission législative les corrections qui s’imposaient au statut particulier des personnels infirmiers de la Fonction publique de la Polynésie française.

Une première mouture du texte nous avait été adressée le 8 septembre pour un passage en séance plénière programmée dix jours plus tard, avant que le gouvernement ne se ravise aux fins de s’engager dans une réforme plus globale, certainement plus cohérente, sur la base d’une révision de l’ensemble des cadres d’emplois du personnel infirmier.

Autant le dire tout de suite, sans la moindre ambiguïté : oui, mes chers collègues, au vu des innombrables défis sanitaires (pathologies invalidantes, vieillesse de la population etc) qui se posent à la société polynésienne, nous devons pouvoir compter sur des infirmières et des infirmiers aussi compétents que motivés, en leur renouvelant toute notre reconnaissance pour le dévouement dont ils font preuve au quotidien.

Raison pour laquelle le texte qui est soumis à notre approbation vise, d’une part, à reconnaître leurs compétences et leur niveau de responsabilité en replaçant le cadre d’emploi des infirmiers en catégorie A, soit sur le même pied d’égalité que leurs collègues spécialisés – IBOD, IAD et puéricultrices. D’autre part, les modifications apportées à la délibération n°2010-3 APF du 28 janvier 2010 sont censées, en théorie du moins, accroître l’attractivité de ces métiers. Il s’agit, en effet, d’attirer un plus grand nombre de Polynésiens dans cette voie professionnelle où de nombreux débouchés s’offrent à eux. Nous verrons dans le temps si le message a été entendu…

Toujours est-il que l’adage selon lequel « on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre » est plus que jamais d’actualité ! Autrement dit, si nous voulons faire naître de nouvelles vocations chez nos jeunes, il faut y mettre les moyens en proposant un niveau de traitement correspondant à la charge de travail demandée.

Pour ne prendre que l’exemple des infirmières et infirmiers, l’évolution de la grille indiciaire qui ne compte désormais qu’un seul grade, est très significative. Au 1er échelon, c’est-à-dire en début de carrière, les dispositions actuellement en vigueur prévoient un traitement mensuel brut de 303 480 Fcfp (indice 281). Dans la première modification, qui a finalement été revue et corrigée, il était question de rehausser ce même indice à 297, soit un traitement de 320 760 Fcfp. Dans le texte qui nous est désormais proposé, le personnel en question percevra 347 760 Fcfp. Soit une augmentation conséquente de 44 000 Fcfp par mois ! Ou un bonus annuel de 528 000 Fcfp.

Par mesure d’équité, les infirmiers anesthésistes, ceux de bloc opératoire ainsi que les puéricultrices font également l’objet d’une revalorisation de leur grille indiciaire. De formation Bac +5 et Bac +4, ils sont naturellement mieux rémunérés, à hauteur respectivement de 381 240 Fcfp et 363 960 Fcfp en début de carrière avec la promesse de pouvoir bénéficier d’un traitement beaucoup plus linéaire que par le passé.

Pardonnez-moi d’exposer tous ces chiffres au grand jour mais ils donnent la pleine mesure de l’investissement réalisé par la collectivité, c’est-à-dire nous tous ! Aussi, une fois le texte adopté, le surcoût annuel chargé pour ces 953 personnels infirmiers sera de l’ordre de 330 millions 894 mille 720 francs pacifiques.

En contrepartie, et c’est l’une des dispositions diverses qui me paraît la plus intéressante pour assurer la continuité et l’efficacité de notre système de santé, le texte prévoit que selon les nécessités de service et pour une durée limitée, le personnel infirmier aura la possibilité d’exercer dans plusieurs structures publiques de soins.

Enfin, vous aurez certainement noté comme moi la réaction de la Fédération interprofessionnelle des services de la Santé et de l’Administration en Polynésie française, la Fissap, qui juge « excessives » les nouvelles grilles de salaires des infirmiers, d’autant qu’elles ne correspondent pas au discours de rigueur budgétaire tenu par le gouvernement Brotherson. L’organisation redoute de surcroît une surenchère de la part des médecins et ce, au détriment d’autres catégories qui méritent, elles aussi, d’être mieux prises en considération. Aussi, Mme la ministre, quelle réponse comptez-vous apporter à ces récriminations susceptibles d’aggraver encore un peu plus le malaise social ambiant dans la Santé ?

Photo: DR

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