Un grand coup de pied dans la fourmilière des stups…

Du 2 au 15 juin, le commandement de la Gendarmerie pour la Polynésie française a conduit une vaste opération à dominante de sécurité publique ciblant les infractions à la législation sur les stupéfiants baptisée « Matai Rorofai ». Bilan: 2 830 pieds de cannabis détruits (soit environ 112 kgs de produit stupéfiant consommable), 17 gr d’ice saisis, ainsi que 2 475 gr d’herbe de cannabis. Par ailleurs, 2 776 926 XPF (23 415 €) ont été saisis au titre des avoirs criminels, dont 2 119 311 XPF (17 870 €) en numéraire. Au plan judiciaire enfin, 209 personnes ont été mises en cause pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et 34 placées en garde à vue, portant par là même un coup significatif aux réseaux de trafics de stupéfiants en Polynésie française.
Menée sous l’autorité conjointe du Haut-Commissaire de la République en Polynésie française et de la procureure de la République près le tribunal de première instance de Papeete, cette opération s’inscrit dans le cadre du plan zéro délinquance adopté par le Ministre de l’intérieur et des outre-mer. L’objectif de cette opération était de cibler l’ensemble des acteurs du trafic : producteurs, revendeurs et consommateurs.
Outre les effectifs des compagnies de Gendarmerie des Îles du Vent et des Archipels, cette opération a également mobilisé de nombreux moyens spécialisés d’enquête en matière de criminalité organisée, de lutte contre les trafics, de fraudes, de lutte contre l’économie souterraine et de cybercriminalité : enquêteurs de la Section de recherches, de l’antenne de l’OFAST, du GIR, experts en nouvelles technologies (N’TECH).
Par ailleurs, des moyens spéciaux de l’escadron de gendarmerie mobile déplacé de Périgueux, la Cellule d’Identification Criminelle du COMGEND, la Brigade Nautique, la Brigade des Transports Aériens, le PSIG ainsi que des opérateurs drones et des équipes cynophiles ont été mobilisés. Enfin, des opérateurs du GIGN, en matière d’observation-surveillance et d’intervention, ont également été engagés.
Contrôles routiers
Chaque jour, près de cent gendarmes ont procédé à des contrôles et conduit des investigations sur les cinq axes du plan anti stupéfiants du COMGEND : contrôle des flux routiers ; harcèlement des points de deal ; destruction des plantations ; démantèlement des réseaux et cyber investigations.
Durant cette période, le contrôle des flux routiers a conduit au contrôle de près de 2065 véhicules et à la réalisation de 621 dépistages de stupéfiants. Au total, 111 délits ont été relevées.
Afin de garantir des conditions de déplacement sûres pour l’ensemble des usagers, une attention a également été portée à la sécurité des transports en commun. Les gendarmes ont mené des opérations de contrôle sur l’ensemble du territoire dans une logique de prévention et de lutte contre les comportements à risque.
Au total, cinq bus ont fait l’objet de contrôles, qui ont permis d’identifier 1 conducteur positif aux stupéfiants. Ces résultats soulignent l’importance de ces opérations pour assurer la sécurité des passagers.
Ces contrôles ciblés des flux routiers démontrent une fois encore la réalité d’un phénomène qui, par les effets qu’il génère sur l’attention du conducteur, peut avoir des conséquences dramatiques sur la route.
Sur les points de deals
La gendarmerie a également renforcé sa présence sur les points de deal identifiés dans sa zone de compétence, menant des actions ciblées pour lutter contre les trafics. Cette mobilisation a permis le contrôle de 1096 personnes, la constatation de cent infractions, l’interpellation de cinquante individus.
Parallèlement, une attention particulière a été portée à la sécurisation des abords des établissements scolaires, dans le cadre de l’opération « Bouclier scolaire ». Ce dispositif vise à protéger les jeunes contre les phénomènes de deal et de consommation de drogues.
Ces opérations traduisent une volonté claire : reprendre le terrain face aux réseaux de trafic et assurer une présence visible et dissuasive dans les secteurs sensibles. Elles participent à l’amélioration du cadre de vie des habitants, en réduisant l’emprise des trafiquants sur l’espace public et en protégeant notamment les plus jeunes des dangers liés à la consommation ou à la vente de stupéfiants.
Cette manœuvre a été renforcée par une intensification des actions de prévention menées par la Maison de Protection des Familles (MPF). Au cours de la période, cette unité spécialisée est intervenue à huit reprises dans plusieurs collèges de Tahiti. Ces interventions ont permis de sensibiliser les jeunes aux risques liés à la consommation de substances psychoactives et de promouvoir des comportements responsables.
Dans le cadre de cette mobilisation globale contre les trafics, la gendarmerie a élargi son action à la maison d’arrêt de Faa’a-Nuutania. En coordination avec la direction d’établissement, une opération de fouilles sectorielles a été menée au cours de la semaine dans onze cellules. Cette intervention a permis de découvrir dans sept d’entre elles des objets et stupéfiants détenus illégalement ainsi que de nombreux matériels connexes (téléphones portables, accessoires dissimulés, etc.).
Ces découvertes confirment l’existence de réseaux structurés opérant au sein même des établissements pénitentiaires, et soulignent l’importance de maintenir une vigilance constante pour prévenir toute forme de trafic ou de compromission de la sécurité intérieure des prisons.
Saisie d’avoirs criminels
Toujours dans ce cadre, la gendarmerie a poursuivi ses opérations de recherche et de destruction de plantations de stupéfiants sur l’ensemble du territoire polynésien. Depuis le début de l’année, ces actions se multiplient pour éradiquer la production locale. Au cours des deux dernières semaines, les unités de Tahiti et des archipels ont conduit 71 opérations, au cours desquelles 52 personnes ont été mises en cause. Ces interventions ont permis la saisie de 590 grammes de cannabis et la saisie de 2268 plants.
Par ailleurs, plusieurs enquêtes judiciaires menées en parallèle par l’AOFAST, la Section de recherches (SR) de Papeete, la Brigade des recherches, le Groupe d’intervention régional (GIR) et les unités territoriales ont abouti à des saisies significatives d’avoirs criminels, pour un montant total de 2 776 926 Fcfp ainsi que la saisie de 16 gr d’ice et 1036 grammes d’herbe de cannabis.
Ces confiscations, qu’il s’agisse d’argent liquide, de biens immobiliers ou de véhicules, constituent un levier essentiel dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. En réduisant les profits issus d’activités illicites, elles dissuadent les individus de s’engager dans ces réseaux et contribuent à affaiblir durablement leur capacité d’action. La privation des gains criminels permet également de perturber le fonctionnement logistique et financier des trafiquants.
À cela s’ajoute l’interpellation menée par la brigade de Faa’a, visant un individu sous le coup d’un mandat d’arrêt. Ce dernier a été condamné à treize mois de prison, dont huit mois ferme, pour trafic de stupéfiants. Placé en garde à vue au sein de la brigade, il a été présenté devant le parquet de Papeete le vendredi 13 juin dernier.
Enfin, une offensive numérique a été menée pour lutter contre la vente de stupéfiants en ligne, un phénomène en pleine expansion. Sous l’égide du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) et sous l’autorité du Parquet de Papeete, dix enquêteurs spécialisés ont conduit une opération visant les plateformes de revente illégale. Celle-ci a permis la mise en cause de neuf auteurs. Les perquisitions positives ont abouti à la saisie de pieds de cannabis et de matériel servant à la revente.
source: HC