Après la crise sanitaire, le pessimisme s’empare des acteurs économiques

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L’expansion rapide de la pandémie Covid-19 s’est traduite en Polynésie française (comme partout ailleurs dans le monde!!) par un arrêt quasi-général de l’activité économique et des échanges avec l’extérieur dès la fin du mois de mars, observe l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM).

Le trimestre s’achève sur une note très négative, avec un moral des entreprises en berne. L’indicateur du climat des affaires (ICA), qui avait terminé l’exercice 2019 à son plus haut historique, 113 points, chute de 31 points, jusqu’à 82 points, niveau non observé depuis la dépression de 2009- 2012. La plus forte contribution à la dégradation soudaine de l’ICA tient essentiellement aux perceptions pessimistes des chefs d’entreprise sondés sur le futur proche. Leurs appréhensions se portent en premier lieu sur le devenir de leur activité et leur situation de trésorerie. Ils craignent également de devoir redimensionner à la baisse leurs effectifs et leurs projets d’investissements.

Hausse des prix dans l’alimentaire

Au premier trimestre 2020, l’indice des prix à la consommation (IPC) progresse de 0,9 % en rythme annuel. La plus forte contribution à la hausse vient des produits alimentaires et boissons non alcoolisées (+5 %). La progression des tarifs de la division logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles (+1,9 %) et des transports (+0,8 %) est moins marquée. La tendance globale est néanmoins atténuée par la contraction de 13 % des tarifs des communications, favorisée par l’arrivée d’un troisième opérateur de téléphonie mobile en décembre 2019. Ndlr: pas sûr que les consommateurs en aient réellement pris conscience.

Dans l’enquête de conjoncture IEOM du premier trimestre 2020, les chefs d’entreprise ont été interrogés sur leur ressenti quant à l’impact immédiat du Covid-19 sur leur activité et leurs perspectives pour le trimestre à venir (deuxième trimestre 2020). La majorité s’attend à une dégradation visible dès les premiers mois de l’année (57 % des répondants), surtout l’hôtellerie (100 %) et les industries agroalimentaires (75 %). 14% des répondants escomptent une amélioration de leur courant d’affaires, notamment les commerçants (45 % d’entre eux). Enfin, 25 % des entreprises estiment ne pas avoir subi d’impact significatif au premier trimestre 2020.

Pour le deuxième trimestre 2020, le pessimisme se généralise (89 % des répondants), beaucoup de chefs d’entreprise redoutant une forte dégradation des conditions d’activité (57 % contre 15 % pour le premier trimestre). Il ne reste plus que 5 % des entreprises à anticiper un chiffre d’affaires stable pour le deuxième trimestre, surtout dans le secteur primaire (37 %) et les industries agroalimentaires (18 %). Enfin, les rares qui entrevoient une amélioration de leur situation (5 %) interviennent dans les services marchands (17 %), le commerce de détail (6 %) et le secteur
primaire (5 %).

Perspectives incertaines pour l’emploi

En début d’année, l’emploi poursuit une trajectoire positive amorcée en 2019. Ainsi, l’Indice de l’emploi salarié (IES) progresse de 1,3 % en glissement annuel au premier trimestre grâce à la construction (8,7 %) et aux services (1,1%) qui restent les secteurs les plus dynamiques. Cependant, une baisse de 0,6 % de l’IES pour l’hôtellerie-restauration porte la marque d’une dégradation importante sur la fin de la période, ce dernier perdant 2,7 % sur le seul mois de mars. Face à la crise qui touche une grande partie du tissu économique polynésien et en raison des incertitudes liées à la reprise de l’activité, de nombreux entrepreneurs interrogés par l’IEOM envisagent de réduire leurs effectifs. Néanmoins, dans un premier temps, le Revenu Exceptionnel de Solidarité, indemnité versée par le Pays, à la demande des entreprises, aux salariés ne pouvant poursuivre leur activité pendant la durée du confinement, a permis de reporter les décisions d’ajustement des effectifs. L’évolution de l’emploi dans les prochains mois reste donc conditionnée par la durée de la crise et la rapidité de la reprise dans chacun des secteurs.

Les commerçants interrogés témoignent d’une activité régulière au cours du premier trimestre, qui leur a permis de conforter leur trésorerie. Ce dynamisme est soutenu par les crédits à la consommation des particuliers, dont l’encours progresse de 6,3% par rapport à l’année précédente.
Mais le confinement de l’ensemble de la population entré en vigueur le 20 mars a imposé la fermeture d’une part importante des commerces et a suspendu les ventes de produits ne relevant pas d’une première nécessité.Le marché automobile polynésien est directement affecté avec un recul des immatriculations de 11,6 % en glissement annuel est enregistré dès le premier trimestre. Principal moteur de la croissance, l’état de la consommation dans les prochains mois constituera un marqueur clef de l’intensité de la crise.

Photo d’archives

 

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