8 décembre 2025

Hinaupoko Devèze ou la force du Mana

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 Ce samedi, Hinaupoko Devèze, élue Miss France 2026 avait le Mana. Une notion propre à la Polynésie qui oscille entre énergie, force et spiritualité.

Miss Tahiti avait-elle un super pouvoir samedi soir ? Tout juste couronnée Miss France 2026, Hinaupoko Devèze a eu une pensée pour Tahiti : « J’espère pouvoir faire découvrir un petit peu mes racines. En tout cas, je les porte fièrement avec moi. C’est elles qui m’ont portée le soir de l’élection pour donner le meilleur de moi. On appelle cela le Mana, c’est la force qui vient de notre belle région, la Polynésie française. »

Beaucoup de spectateurs devant l’écran ont dû se demander de quoi la jeune femme de 23 ans parlait. Pourtant, les meilleures mémoires se souviendront peut-être que Kauli Vaast, autre enfant du pays, avait fait référence au Mana après sa médaille d’or à domicile lors des Jeux olympiques de Paris de 2024 dans la section surf : «Le Mana était avec moi aujourd’hui… »

Entre pouvoir et autorité

Nos deux protagonistes ne parlent bien entendu pas d’une substance dopante, ni d’une nouvelle technique de concentration vendue sur LinkedIn. La notion du Mana est un peu plus trouble et surtout spirituelle.

Les premières références de ce terme d’origine polynésienne et mélanésienne ont été rapportées par l’explorateur James Cook nous indique Nicolas Meylan, professeur d’Histoire des religions à l’université de Genève (Suisse) et auteur de Mana : A History of a Western Category : « Lors de son deuxième voyage autour du Pacifique (deuxième partie du 18e siècle), le capitaine Cook fait référence à ce mot qu’il traduit par force, puissance ou des termes de cet ordre. »

Une notion reprise par le missionnaire Robert H. Codrington qui l’introduit dans l’anthropologie culturelle en 1891. Dans une conception animiste du monde, le mana sert à expliquer le principe de cause à effet, notamment pour des faits exceptionnels. Si une flèche atteint son but, si un homme devient riche, etc. C’est qu’ils ont beaucoup de Mana.

Le dictionnaire de l’Académie tahitienne décrit d’ailleurs le Mana comme un pouvoir ou une autorité. C’est cette seconde notion qui apparaît un peu plus tard. « Au cours du XIXe siècle, on commence à l’associer à un lexique indigène du politique, le mot peut même parfois aller jusqu’à désigner la souveraineté », précise Nicolas Meylan.

Une force spirituelle plus que religieuse

Une souveraineté qui pourrait découler d’une force plus grande. D’où un virage, vers la fin du XIXe siècle vers une autre signification. « L’anthropologie occidentale va alors s’approprier le terme et en faire un terme générique pour penser Mana en religion cette fois. Des notions plus semblables à celles qu’on trouve en Occident et qui se rapproche de “pouvoir magique”. Mais cette notion sera ensuite reniée par une deuxième vague d’anthropologues, à partir de la décolonisation, qui vont dire gentiment que cela ne fonctionne pas. »

source: Yahoo actualités

 

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