Le ‘Ori Tahiti, de 1847 au Heiva i Tahiti 2025

Extrait du dossier de presse fourni par la Maison de la culture, voici le Heiva à travers l’histoire polynésienne, avec une première célébration en 1881.
Lors du premier contact avec les navigateurs européens, marins et missionnaires indiquent que la danse et le chant sont omniprésents chez les Polynésiens, voire permanents. Ces missionnaires chrétiens décident malgré tout de les interdire, puis le code Pomare les banniront totalement. En effet en 1819, le Roi Pomare II, fraîchement converti au christianisme décide de taire toutes les danses et autres “Heiva” (divertissements), suspectés d’être des activités à la morale douteuse.
La danse et les chants traditionnels en Polynésie sont fortement liés aux heurts de l’histoire et témoignent de la vivacité de cette tradition ancrée dans la nuit des temps. D’interdiction en timides autorisations, du silence aux lumières de la scène, le Heiva i Tahiti que l’on connait aujourd’hui est l’aboutissement de plus d’un siècle d’entêtement et de passion.
Après une trentaine d’années de prohibition, le Gouverneur français Bruat va pour sa part tolérer ces démonstrations culturelles tout en les réglementant rigoureusement. Ainsi, en 1847, danser n’est autorisée que dans certains lieux et uniquement le mardi et le jeudi. La danse et les chants reprennent donc craintivement. Il faudra attendre l’année 1881, lors de la première célébration du 14 juillet, pour que ces deux piliers de la Polynésie reprennent une place privilégiée qui encourage une expression culturelle vivace et intense. Effectivement, le gouvernorat décide d’instaurer la fête nationale cette année-là, autour de
laquelle il accepte d’adosser les diverses manifestations culturelles et sportives sous la forme de concours, le tiurai.
Le premier concours de chant est donc organisé et réunit pas moins de trente groupes ! Les tiurai sont souvent les seules occasions pour les populations des archipels de sortir de leurs îles et de se retrouver. La tendance est donc à montrer la plus belle parure, la plus belle pirogue ou le plus beau chant. L’esprit de notre Heiva moderne est déjà là. Contrairement aux chants traditionnels, qui accompagnaient les défilés militaires ou les démonstrations officielles, lors des fêtes nationales, afin d’associer les Polynésiens aux réjouissances, la danse continue d’être mal perçue et a beaucoup plus de mal à se défaire des interdictions religieuses.
1956, Madeleine Moua pose les bases du ‘Ori Tahiti
La Mairie de Papeete organise pourtant les premières représentations de danse, place Tarahoi, dès le début du XXe siècle mais il faudra attendre l’année 1956 pour que Madeleine Moua et sa troupe Heiva Tahiti révolutionnent l’image du tiurai en posant les bases du ‘Ori Tahiti. Madeleine Moua donne un nouvel élan à la danse un grand retour à la tradition afin de se défaire de ces proscriptions religieuses. Elle offre aussi des critères de définition et de notation au jury des concours. Le Tiurai va devenir au fil des années l’expression véritable d’une renaissance de la culture polynésienne. Cette résurrection suit son cours, près de quinze ans plus tard, Coco Hotahota, qui créé la troupe de danse Temaeva en 1962, dépassera lui la rigidité excessive de la tradition pour la concilier avec la modernité. Temaeva domine la scène du tiurai, la troupe cumule les grands prix au Tiurai de 1969 à 1975.
C’est en 1985 que le Tiurai perd son nom d’origine pour souligner l’accession du territoire à l’autonomie : il est rebaptisé Heiva i Tahiti. Le Heiva i Tahiti de nos jours disperse ses leçons et ses créations, tant en Polynésie que dans le monde. Le ‘ori Tahiti attire à lui des milliers de personnes en quête de cette expression fascinante de notre culture. Le Heiva i Tahiti est aujourd’hui le cœur battant et vivant de la Polynésie, l’âme essentielle de sa danse et de sa culture. Toujours organisé annuellement durant le mois de juillet, le Heiva i Tahiti du XXIe siècle est devenu la manifestation phare du calendrier culturel du Pays. Près de 145 ans après sa création, les pupu ‘ori Tahiti et les pupu hīmene inscrits chaque année au concours, les gardiens de notre culture, tissent les liens entre le peuple et l’histoire. Ces artistes, messagers, enracinent les Polynésiens et enrichissent le patrimoine tout en gardant un œil sur l’avenir. Ils nous invitent à retracer les coutumes et ainsi les garantir.
Cette année, vingt-trois groupes sont inscrits, onze groupes de danse et douze groupes de chant. Cela représente plus de 3 000 artistes. Tous sont impatients de partager leur message devant un public venu nombreux. Chaque année, le Heiva i Tahiti rassemble dans les tribunes entre 30 000 et 35 000 spectateurs, soit plus de 10% de la population totale de Polynésie française. Sans aucun doute, le Heiva i Tahiti est l’événement de l’année.