Le thon en boîte au ban des cantines scolaires

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Le débat est une nouvelle fois relancé alors que huit mairies dont la capitale métropolitaine ont décidé de bannir le thon des menus des cantines scolaires à la rentrée. En cause, la contamination au mercure et les dangers potentiels sur la santé humaine.

Si vous habitez à Paris, Grenoble, Lille, Lyon, Rennes, Bègles, Montpellier ou encore Mouans-Sartoux, vos enfants n’auront pas de thon à la cantine scolaire cette année. Ces huit communes ont en effet décidé de bannir le thon des menus des cantines des établissements scolaires, en raison notamment de la contamination au mercure.

En octobre dernier, les ONG Foodwatch et Bloom révélaient l’ampleur de la contamination au mercure du thon, et appelaient les gouvernements et les collectivités à bannir des cantines scolaires, des crèches, des maisons de retraite, des maternités et des hôpitaux tous les produits contenant du thon pour « préserver la santé des publics les plus sensibles ».

Un maximum de 1 mg de mercure/kg contre 0,3mg pour la plupart des poissons

Le thon bénéficie d’un régime de faveur de la part des autorités, avec un seuil autorisé de mercure de maximum 1 mg/kg contre 0,3 mg/kg pour des espèces comme le cabillaud ou les anchois. Les huit villes qui ont annoncé bannir le thon des cantines ont par ailleurs appelé les autorités européennes à abaisser la limite maximale de mercure dans le thon à 0,3 mg/kg.

Ces communes appellent aussi « le gouvernement et les parlementaires français à agir sans attendre sur l’évolution des normes européennes, en interdisant la commercialisation des produits à base de thon dépassant 0,3 mg/kg de mercure au niveau national ».

Des effets sur le développement du système nerveux, la motricité, l’attention, l’apprentissage verbal…

Au même titre que l’arsenic ou l’amiante, le mercure est classé par l’OMS comme faisant partie des dix les plus préoccupantes au monde. « Le mercure est non seulement nocif pour la santé des populations vulnérables (foetus, enfants, femmes enceintes) mais il est aussi toxique pour les adultes (…) l’exposition du foetus ou du jeune enfant au mercure organique peut avoir des effets sur le développement du système nerveux, la motricité, l’attention, l’apprentissage verbal et la mémoire », détaille Santé Publique France.

Toujours selon Santé Publique France, la consommation de poissons gras, de crustacés, coquillages et mollusques fait partie des facteurs d’exposition au mercure.

Femmes enceintes et allaitantes et enfants de moins de 3 ans sont à risque

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a émis des recommandations sur la consommation maximale de doses de poisson, et notamment de thon, pour limiter les quantités de mercure ingérées.

Pour ceux que l’Anses considère comme « population à risque », c’est-à-dire les femmes enceintes et allaitantes et les enfants en bas âge, de moins de 3 ans, l’Agence recommande de limiter la consommation de poissons prédateurs sauvages, susceptibles d’être fortement contaminés dont le thon fait partie, au même titre que la raie, le brochet ou encore la lotte.

Pas plus de 50 à 60 grammes, toutes les deux à trois semaines au maximum pour les 4-6 ans

De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, a établi une dose hebdomadaire tolérable pour le mercure de 1,3 microgramme par kg de poids corporel. Ce qui donne, selon différentes tranches d’âge, des recommandations qui varient pour le thon en conserve light, qui est recommandé, en raison d’une moins forte contamination au mercure que le thon rouge ou le thon frais par exemple.

Ainsi, il est recommandé aux 1-3 ans un maximum de 30 à 40 grammes une fois par mois. Pour les 4-6 ans, une portion de 50 à 60 grammes, toutes les deux à trois semaines au maximum.

Pour les 7-10 ans, 70 à 80 grammes une fois toutes les deux semaines au maximum, tandis que les 11-14 ans peuvent prendre jusqu’à 90 à 100 grammes deux fois par mois au maximum. Enfin, à partir de 15 ans, 100 à 120 grammes de thon peuvent être mangés une fois par semaine au plus.

L’Anses estime que le bénéfice est supérieur aux risques

Plus généralement, la Commission européenne a publié sur son site web des conseils de consommation généraux concernant le mercure, auquel le thon est l’un des poissons les plus exposés. Ne pas consommer plus d’une à deux fois par semaine des espèces comme le thon susceptibles de contenir d’importantes quantités de méthylmercure, tout en précisant que « la consommation de poissons ou de produits de la mer variant considérablement d’un pays à l’autre […] ces conseils devront être adaptés au niveau national ».

Hormis les populations à risque, l’Anses estime que les bénéfices de manger du poisson sont supérieurs aux risques d’exposition au mercure. Elle conseille ainsi de manger au moins deux fois par semaine du poisson, en associant plusieurs types d’espèces néanmoins. Elle recommande également de diversifier les lieux de pêche pour limiter une trop grande exposition à une zone trop touchée par le mercure.

source: Yahoo actualités

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