4 septembre 2025

Réforme des allocations et de la cantine scolaire: une classe moyenne oubliée

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Au 7ème jour de débat à l’assemblée de la Polynésie française, dans le cadre d’une session extraordinaire qui restera dans les annales politiques du fenua, les représentants n’ont pas observé de trêve…loin s’en faut.

C’était la dernière ligne droite à Tarahoi avec l’examen des deux derniers dossiers inscrits à l’ordre du jour, à savoir: deux projets de loi du pays, l’un portant harmonisation des allocations prénatales, de maternité et familiales; l’autre relatif à la participation aux frais de cantine scolaire au titre des prestations familiales. Deux dossiers sensibles qui ont encore agité la classe politique locale, le Tavini huiraatira voulant prioritairement « servir » sa base de gens modestes au détriment d’une classe de Polynésiens considérés comme plus argentés. Mais pour ce qui est de la justice sociale, les avis divergent…

La non-inscrite de AHIP Nicole Sanquer a mené la première charge sur la question de la cantine scolaire. Et d’interroger la majorité au pouvoir sur le non-respect des engagements pris par le Tavini huiraatira pendant la campagne des Territoriales 2023. A la page 24 du programme, la liste bleu ciel s’engageait alors à instaurer la cantine gratuite pour tous. Deux ans et demi plus tard, ce n’est toujours pas le cas!

Prise en charge d’une partie des frais de cantine scolaire

Alors, il faudra se contenter de l’article 1er du projet de loi finalement adopté à l’unanimité qui énonce: « Les élèves bénéficiaires des allocations familiales inscrits dans les écoles ou les établissements d’enseignement général et professionnel, du premier et du second degré publics et privés, de la Polynésie française, sous contrat d’association avec l’Etat, ainsi que dans des structures d’enseignement agricole publiques et privées et les établissements médico-sociaux, sous contrat d’association avec l’État, assurant une restauration scolaire, ont droit à la prise en charge d’une partie des frais de cantine scolaire pendant l’année scolaire à l’exclusion des jours fériés, des samedis et dimanches, des journées pédagogiques et des vacances scolaires, dans la limite d’un repas par jour. » 

Sa collègue du Tapura huiraatira, Tepuaraurii Teriitahi a enfoncé le clou pour défendre à son tour une classe intermédiaire « en colère », à qui « on demande de faire toujours plus d’efforts ». Car, sur la question des allocations familiales, contrairement à ce que prétend le ministre de la Santé, il ressort que 23% des familles vont perdre avec cette reforme. Elle a notamment pris l’exemple d’un couple avec deux enfants dont les revenus totalisent 400 000 Fcfp. Autant dire qu’avec un tel budget mensuel et après avoir payé le loyer (160 000 Fcfp), les charges courantes (EDT, Internet, assurances etc), les frais de garderie (100 000 Fcfp) et le crédit de la petite voiture (50 000 Fcfp), il ne reste pas grand chose pour mettre du pain sur la table.

En réponse, le ministre Mercadal a (re)précisé les montants des allocations familiales servies après la réforme: 15 000 Fcfp pour les revenus de l’allocataire inférieurs à 100 000 Fcfp, et 12 000 Fcfp pour les tranches supérieures. Une information nouvelle sortie du chapeau en séance, comme l’a souligné Tepuaraurii Teriitahi, alors que le texte étudié jusqu’ici prévoyait un montant en dessous de 12 000 Fcfp pour les ménages plus aisés. Encore faut-il rappeler ici que le Cesec milite pour que tous les enfants bénéficient d’un même montant à 15 000 Fcfp par mois. Toujours est-il que cette mesure ne sera pas neutre en terme de coût pour les régimes: 390 millions de Fcfp pour le régime général des salariés (RGS) et 100 millions pour le régime des non-salariés (RNS).

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