Tarahoi transformé en « Maison de la décolonisation »

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C’est en tous cas l’ambition claire et nette du nouveau locataire du Perchoir, Antony Géros.

Celui que l’on surnomme affectueusement « Tony » est un peu le poil à gratter de Moetai Brotherson ! D’abord, parce qu’il n’a pas accepté d’avoir été pris de vitesse pour l’accession à la Présidence, bien avant le deuxième tour des Territoriales. Ensuite et surtout, parce qu’il a été investi par son mentor, Temaru himself, comme le redresseur de cap. Au cas où le gendre s’écarterait un peu trop de l’axe…Pas indo-Pacifique, mais l’autre (l’indépendance).

L’assemblée, contre-pouvoir ?

Aussi, dans un long direct-live (45 minutes) accordé à l’incontournable Vaite sur Tahiti-Infos, Antony Géros prend quelques libertés au sein du couple exécutif polynésien; histoire de prendre à contre-pied les propos tenus quelques heures plus par Gérald Darmanin sur sa vision d’une Polynésie qui doit impérativement se développer avant de songer à s’émanciper.

D’emblée, le président Géros affirme que l’APF est l’institution principale du Pays. Celle au sein de laquelle siège une majorité confortable de 38 élus du Tavini huiraatira. Des purs et durs. Rien à voir avec le gouvernement où, hormis les « quatre personnes inféodées «  au parti bleu ciel (Galenon, Crolas, Tevahitua et Teriipaia), les cinq autres ministres sont -apparemment- de qualité négligeable.

Qu’à cela ne tienne, puisque l’assemblée est appelée dans le programme de campagne à devenir une véritable force de décisions, tant qu’à faire, elle prend l’initiative. Et tant pis si cela ne plait pas toujours…

Ainsi, on apprend qu’à l’ouverture de la session budgétaire, mi-septembre, le règlement intérieur de l’institution va être modifié pour permettre la création d’une nouvelle commission législative, la 10ème, afin de plancher sur le thème de la décolonisation.

Tous à l’ONU!

Composée à la proportionnelle des groupes politiques représentés dans l’hémicycle et de « personnalités qualifiées », cette commission sera chargée notamment d’établir « tous les éléments de langage » en vue du prochain déplacement (octobre) à l’Onu – New-York. S’il demeure toujours une incertitude quant à la présence, ou non, d’un représentant français à la table des discussions, en revanche, Antony Géros ne cache plus son impatience: « On ne peut pas imaginer oeuvrer dans le système actuel (ndlr; l’autonomie) avec tous les problèmes que l’on rencontre (…) ». Mais de l’autre, s’agissant de la puissance administrante, « ils ne peuvent plus se défausser… », affirme t-il.

Sinon, tout se passe bien à l’assemblée. Après la Corée du sud, Tony repart samedi à Tonga dans le cadre du Groupe des Parlementaires des iles du Pacifique (GPIP) impulsé en son temps par Jacky Drollet. Mais ne comptez pas sur lui pour faire du tourisme, le président de l’APF use de sa stature pour faire du lobbying à l’échelle régionale. Un discours qui, à n’en pas douter, passera bien auprès de ses interlocuteurs déjà libérés du joug colonial…

Et puis, comme pour forcer encore un peu plus la main de Moetai Brotherson, l’assemblée devrait prochainement acter la suppression de la date du 29 juin instituée par les autonomistes. « Une date qui n’a pas lieu d’être (…) on ne fête pas un deuil (…) Je l’avais demandé au président du Pays, S’il n’engage pas lui même on va le faire », affirme Tony Géros. En revanche, le 24 octobre, journée mondiale de l’ONU, donnera lieu à un lever de drapeau sur les deux premières institutions du Pays. Tout un symbole.

On le voit donc, l’assemblée aspire à sortir de sa torpeur. Au service d’une ambition, celle de l’accession à l’indépendance. En revanche, pour ce qui est des affaires courantes (Vie chère, création d’emplois, de logement etc), le bon peuple devra prendre son mal en patience.

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