Une délégation du Tapura présente au C24 onusien pour « rétablir la vérité »

Lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi matin à Tarahoi, le Tapura huiraatira a annoncé officiellement qu’une délégation composée de trois élus se rendra du 21 au 23 mai à Dili, capitale du Timor-Leste, pour participer au séminaire régional du Comité spécial de décolonisation des Nations Unies (C24).
La présidente du groupe à l’APF, Tepuaraurii Teriitahi, le député Moerani Frébault et le maire de Nuku-Hiva et président de la Codim, Benoît Kautai, seront donc du voyage pour porter la voix des autonomistes et ainsi présenter une autre vision que celle défendue par les indépendantistes à l’ONU depuis plusieurs années déjà. Cette même organisation dont « la parole s’est considérablement affaiblie ces derniers temps », constate le président Edouard Fritch, avant d’ajouter: « L’ONU n’a plus les mêmes moyens humains et autres qu’à son origine, au lendemain de la guerre, pour régler tous les différends dans le monde et les problèmes d’égo en Polynésie française ».
Sur place, chacun des pétitionnaires disposera d’une tribune de 3 minutes pour exposer un certain nombre de faits sur la situation institutionnelle de Tahiti et ses îles, dans l’espoir qu’un jour l’organisation internationale acceptera de venir ce rendre compte par elle-même de ce qui se passe en Polynésie française.
« Nous avons longuement débattu de l’opportunité de participer ou non car nous savons que l’urgence des Polynésiens est ailleurs… », a également expliqué la représentante à Tarahoi. Mais, face à ce qu’elle considère comme étant une forme de radicalisation du parti Tavini huiraatira, Tepuaraurii Teriitahi comme d’ailleurs le président Edouard Fritch, forme le voeu que ce déplacement, conforté par l’invitation de la présidente du C24, servira au moins à rassurer les autonomistes qui ne souhaitent pas être embarqués malgré eux dans un processus de décolonisation.
Il faut dire en effet que depuis quelques mois, l’actuelle majorité au pouvoir multiplie les gestes inamicaux envers ce qu’elle appelle la « puissance administrante » accusée de ne pas venir s’asseoir à la table des discussions sous l’égide de l’Onu. Entre l’annonce d’une constitution des états fédérés de Maohi Nui – dont personne n’a jamais vu la moindre copie – puis la création récente d’une nouvelle commission d’enquête à l’APF chargée à grands frais (budget de 25 millions de Fcfp) d’évaluer les enjeux stratégiques pour la Polynésie et enfin, le remplacement de la date (symbolique) du 29 juin par celle du 20 novembre, c’en est vraiment trop pour les autonomistes du fenua !
Aussi, « le Tapura se rendra au C24 non pas pour polémiquer mais pour rétablir la vérité, porter la voix de milliers de Polynésiens silencieux qui refusent le sectarisme et réclament des réponses concrètes », assurent les trois membres de la délégation.