Hubert Reeves rejoint ses étoiles à 91 ans

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L’astrophysicien Hubert Reeves, mort vendredi à 91 ans à Paris, fut un conteur magistral de l’histoire de l’Univers, la passion de sa vie, mais aussi l’un des plus ardents défenseurs de la planète bleue.

Né à Montréal le 13 juillet 1932, c’est dans la maison familiale de Bellevue, au Québec, que tout jeune, Hubert Reeves commence à assouvir sa soif de connaissances.

La nuit venue, la famille sortait pour admirer le ciel: le jeune Reeves apprend à reconnaître les constellations avec une planche cartonnée.

« De ma vie, je ne crois pas avoir fait d’efforts plus rentables », raconte-t-il dans ses mémoires « Je n’aurai pas le temps » (Editions du Seuil).

Le petit garçon est fasciné par le père Louis-Marie, ex-amoureux de sa mère devenu moine, qui lui fait découvrir son laboratoire à la ferme expérimentale de la Trappe: « J’ai profité de ses enseignements, et j’ai compris, grâce à lui, le plaisir qu’il y a à révéler le monde aux gens ».

Les mathématiques l’amusent et il excelle en physique: à 18 ans, il décide de devenir astronome.

Il choisit de faire un doctorat dans la prestigieuse université américaine de Cornell (Etat de New York), où il vit « des moments délicieux » à « apprendre toujours quelque chose » dans une ambiance « exaltante ».

Talent de conteur 

Le jeune chercheur se passionne pour la naissance, la vie et la mort des étoiles, s’interroge sur le big bang originel et devient conseiller scientifique à la Nasa, au début des années soixante alors que les Etats-Unis se ruent dans la conquête de l’espace.

Pourtant, c’est en Belgique, à l’invitation de l’Université de Bruxelles, qu’il choisit de poursuivre une carrière d’enseignant, en 1964, avant de débarquer en France un an plus tard, où il se fixera comme directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et conseiller au Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Il enchaîne les conférences et les congrès internationaux, poursuit ses travaux de recherche, donne des cours à l’université de Montréal.

Sa vie privée en souffre: il divorce, déprime un temps, reprend le dessus, se remarie et achète une ferme à retaper en Bourgogne, où il viendra ensuite régulièrement se ressourcer.

Ayant hérité d’un talent de conteur de sa grand-mère maternelle Charlotte Tourangeau, qui le faisait rêver quand il était petit en lui racontant des histoires sans fin, il décide d’écrire un livre – « Patience dans l’azur » (1981) – pour raconter l’histoire de l’univers.

Le succès est au-delà de toute attente et Hubert Reeves commence alors une seconde carrière, de vulgarisateur scientifique.

Parmi ses très nombreux livres, il publie « Poussières d’étoiles » en 1984 puis « L’heure de s’enivrer » en 1986, « La mer expliquée à nos petits-enfants » (2015), ou encore « La fureur de vivre » (2020).

L’astronomie est un sujet complexe mais il passionne un large public, car il sait rendre sa pensée accessible. Sa citation « Regarder loin, c’est regarder tôt », pour évoquer l’espace-temps, en est l’illustration.

Hubert Reeves, qui, sur décision de l’Union astronomique internationale, a donné en 1999 son nom à un astéroïde, réalise de nombreux films, émissions de télévision et spectacles scientifiques. Une question fondamentale sous-tend sa réflexion: l’Univers a-il un sens ?

 Une affaire de « coeur »

Sa connaissance des planètes et sa passion pour la nature le poussent aussi à s’engager pour la défense de la Terre et son environnement.

En 2001, il devient président de l’association Humanité et Biodiversité. Il ne cesse d’alerter contre le massacre des espèces et le réchauffement climatique, et d’interpeller les politiques.

Il faut « empêcher que la planète devienne inhabitable », plaidait-il à l’Elysée en 2014 lors d’une conférence environnementale.

« Nous sommes devant un combat entre deux puissances opposées: la détérioration de la planète (…) et les projets de restauration. (…) Qui va l’emporter? Personne ne le sait », s’alarmait lors d’une intervention poignante ce père de quatre enfants, huit fois grand-père.

Sauver la planète était pour lui une affaire de « coeur ». « L’écologie, ce n’est pas un grand problème, mais des millions de petits problèmes », parfois quotidiens, alors il faut que les gens aient « envie de les aborder », disait-il dans un entretien à l’AFP, en 2018, lors de la sortie d’un documentaire bâti autour de son engagement envers la biodiversité, « La Terre vue du coeur ».

source: Yahoo actualités

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