Le dock Flottant de Papeete…bientôt 50 ans et toujours pas de remplaçant

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Sous l’impulsion du précédent ministre des ressources marines, Heremoana Maamaatuaiahutapu, en partenariat avec le Cluster maritime de Polynésie française, une étude très intéressante a été consacrée au poids que représente « l’économie maritime » au fenua, en tant que « levier de transition et enjeu culturel ». Et parmi les nombreux aspects développés figure la question du dock flottant de Papeete dont le remplacement tarde à se concrétiser. Extraits.

Installé dans le port de Papeete en 1975 par la Marine nationale, dont il demeure la propriété, le dock flottant, d’une capacité de 3 800 tonnes, est utilisé à la fois par les navires de
défense et, sous l’organisation de la Chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers de Polynésie français (Ccism), par les navires privés armés pour le transport, le tourisme et la pêche.

La question de son renouvellement s’est posée dès 2011, lorsque la Chambre de commerce (CCISM) a impulsé l’idée d’un pôle d’activités maritimes sur le site. Elle s’est imposée en 2015 avec l’annonce par la Défense de l’arrêt des activités du dock en 2030, à laquelle s’ajoute, dans le cadre du Contrat de redynamisation des sites de défense, la rétrocession d’espace terrestre de l’Etat à la Polynésie, en particulier sur le site concerné, permettant le déploiement de nouvelles activités.

Le projet d’une infrastructure plus moderne a immédiatement rencontré l’intérêt des armateurs polynésiens. En effet, en plus de l’ambition de créer un pôle d’activité, la perspective d’un plus dock flottant de plus grande taille répond à une double problématique. Aujourd’hui, les navires de trop grande capacité, en particulier les navires de croisière basés à Papeete tels que l’Aranui et le Paul-Gauguin, se voient dans l’obligation d’être carénés à l’étranger, principalement à Auckland ou à Singapour. Cette contrainte entraîne une perte d’exploitation liée au temps passé et elle déplace également vers les pays étrangers des dépenses qui pourraient être réalisées à l’intérieur du Pays. Par ailleurs, les armateurs au transport de fret et passagers, qui souhaitent développer et moderniser leur flotte, sont limités dans la conception de leurs nouvelles unités par la taille du dock : la capacité de leurs navires est définie en fonction de ce dernier et non en fonction du marché, qui pourrait autoriser des navires plus grands ; les projets d’architecture navale sont aussi limitées – l’armateur Tuhaa Pae avait ainsi envisagé un projet de catamaran pour son navire de charge décarboné avant de revenir à la forme monocoque plus propre à la montée en dock. Est enfin pris en compte, dans le projet de nouveau dock, le potentiel d’attractivité pour les flottilles de pêche des navires des pays insulaires de la région en tant que nouveaux clients.

Depuis 2013, plusieurs études ont été menées, pour les plus récentes, dans le cadre d’une commission dédiée au sein du Port autonome de Papeete, afin d’envisager toutes les solutions
possibles. D’autres sites que le port de Papeete ont été étudiés, tels que Faratea à Tahiti ou Faaroa à Raiatea, ces possibilités ayant été rejetées pour des raisons techniques ou stratégiques.
Plusieurs moyens de carénages ont été analysés – forme de radoub, dock modulable – avant que la commission ne parvienne à une définition précise de l’outil nécessaire : un dock flottant
de 12 000 tonnes positionné en lieu et place de l’ancien. La question du financement de ce nouvel outil relevait du port et des acteurs privés, de même que sa gestion qui tenait compte des
impératifs et priorités de la Défense. Le projet a été porté au plus haut niveau des ministères d’Etat et de l’Etat-major et un dossier a été remis à la connaissance du président de la République, Emmanuel Macron, lors de sa visite à Tahiti en 2021. Toutefois, le projet n’a pu aboutir à ce jour. D’une part, la Marine nationale a annoncé la prolongation de la présence du dock et de son utilisation au-delà de 2030, pour au moins une dizaine d’années. D’autre part, l’idée d’installer un deuxième dock, entièrement privé, à côté de l’actuel, se heurte au refus de la Marine nationale pour une question d’emplacement stratégique.

Après plus de dix ans de propositions et de concertations entre les parties, aucune solution n’a été acceptée pour l’installation, sur le site de Papeete dont la configuration réunit les avantages
géographique et économiques, d’une infrastructure moderne, mieux dimensionnée aux besoins, en lieu et place d’un outil de presque cinquante ans.

Photo: Mer et Marine

 

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