Le père de l’Euro est décédé

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L‘ancien président de la Commission européenne, père de l’euro et figure de la gauche française, Jacques Delors, est décédé mercredi à 98 ans, a annoncé sa fille Martine Aubry.

Jacques Delors aurait pu être Premier ministre ou président de la République : il fut, dix ans durant, président de la Commission européenne. L’Europe fut sa grande passion, son obsession, le dossier auquel il consacra son énergie, et sa fougue à qui il réserva ses idées et ses colères, une vieille maîtresse dont il ne se déprendra jamais, n’acceptant pas que ses semblables n’aient pas pour elle les mêmes yeux de Chimène…

Issu de la gauche catholique, Jacques Delors est auprès de Jacques Chaban-Delmas l’inspirateur de La Nouvelle Société, ce projet qui à l’orée des années 1970 devait faire basculer la France dans le XXIe siècle. De la CFTC (puis la CFDT) au commissariat au Plan, du cabinet du Premier ministre au conseil général de la Banque de France, il se forge une réputation de spécialiste de l’économie des finances publiques et du budget.

Lorsqu’il adhère au Parti socialiste en 1974, il rejoint immédiatement l’entourage du François Mitterrand. Il devient naturellement ministre de l’Économie du premier gouvernement socialiste de la Ve République.

Le virage de la « rigueur »

Bénéficiant de la confiance des milieux économiques internationaux, il applique d’abord une politique de « rupture » pendant la période dite de l’« état de grâce » à coups de nationalisations, de dévaluations du franc et de relance par la demande. Après une première pause dans les réformes sociales qu’il propose dès 1982, Jacques Delors encourage le maintien de la France dans le Système monétaire européen (SME) et pratique une politique de rigueur. Il supprime, notamment, l’échelle mobile des salaires en 1982.

Il incarne déjà une gauche pragmatique, convertie à l’économie de marché, consciente que la mondialisation est inéluctable, attentive aux résultats des entreprises, volontariste, etc. Cette figure de proue du social-libéralisme se heurte à des archéo-socialistes qui veulent que l’État soit omniscient et omnipotent. En dépit des soutiens de François Mitterrand et de Pierre Mauroy, Premier ministre de l’époque, il est rapidement la cible des attaques du PS. Plutôt que de rempiler au ministère de l’Économie en 1984 dans le gouvernement Fabius, il devient en janvier 1985 président de la Commission européenne grâce au soutien de François Mitterrand et du chancelier allemand Helmut Kohl.

Européen inlassable !

Ce poste lui conviendra comme la pantoufle de verre au pied de Cendrillon ! Pendant dix ans, de 1985 à 1994, Jacques Delors fera tomber patiemment toutes les frontières et les scepticismes nationaux. Son bilan à la tête de l’exécutif bruxellois est considérable, mais depuis peu contesté. On lui doit la dérégulation des marchés financiers, l’abolition des frontières fiscales et des barrières commerciales. Delors crée le fameux marché unique, promeut les accords de Schengen, officialise la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes sur le continent, et fait admettre grâce à l’Acte unique que le droit européen comporte des dispositions qui s’imposent aux signataires. On parle alors d’« harmonisation des législations ». Il milite également pour l’élargissement de l’Union européenne aux États de l’ex-bloc soviétique, aux pays scandinaves ou à l’Autriche. Il accueille l’Espagne et le Portugal, réforme la politique agricole commune et est un inlassable propagandiste du rapprochement entre les peuples, les cultures et des aspects pratiques de l’Europe de Bruxelles.

Le traité de Maastricht et l’adoption par les pays membres d’une monnaie unique, l’euro, n’auraient jamais vu le jour sans lui. C’est également sous son règne que le président de l’Europe fut admis dans le G7 (puis G8), le groupe des pays les plus riches de la planète. Bref, Jacques Delors avait rang de chef d’État sans avoir été élu.

source: Yahoo actualités

 

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