Territoriales: la stratégie Fari’ira’a Manihini 2027 contredite par les Politiques
En matière d’objectifs de fréquentation touristique, et après avoir comparé les programmes des listes en compétition pour les élections Territoriales, force est de constater que c’est un peu « la course à l’échalotte »! Autrement dit, tous les moyens sont bons pour séduire les électeurs…
Le 8 décembre 2022, l’assemblée de la Polynésie française adoptait, à l’unanimité des représentants présents, la délibération n° 2022-99 APF du 8 décembre 2022 portant approbation de la Stratégie de développement touristique de la Polynésie française 2022-2027 intitulée “Fāri’ira’a Manihini 2027, l’accueil qui nous ressemble et nous rassemble (FM27)”. Une fois n’est pas coutume, tous les états-majors semblaient en phase tant sur les moyens de développer ce secteur majeur de notre économie que sur les objectifs à la fois quantitatifs et qualitatifs à atteindre.
Aussi, dans quatre ans maintenant, si toutes les conditions sont réunies, la destination polynésienne devrait être en mesure d’accueillir 280 000 touristes par an. Contre 236 642 en 2019, année record, et 218 000 l’an passé. Soit un objectif, somme toute raisonnable, de 1 touriste par habitant. Un positionnement à des années lumière de ce proposent des concurrents comme Hawaii ou Fidji. Ce qui suppose, il va sans dire, que d’ici à 2027, « toutes les planètes devront être alignées », à savoir: offrir suffisamment de sièges d’avion, ouvrir de nouveaux hôtels-pensions de famille dans les îles.. le tout dans un environnement international apaisé qui incite au voyage. Autrement dit, les politiques ont beau tirer des plans sur la comète…cela les dépasse!
Pourtant, le sujet est abondamment développé dans les différents programmes de campagne des états-majors politiques en lice pour les élections territoriales.
Si l’équipe sortante (Tapura huiraatira) s’en tient à la feuille de route élaborée au bout de trois ans – crise sanitaire oblige – en étroite concertation avec les professionnels, tout en promettant « d’accélérer la réouverture des unités hôtelières fermées ou à l’abandon », ce qui représenterait aujourd’hui quelque 500 chambres inexploitées pour 850 emplois, il en est autrement de ses adversaires.
De l’aveu même du candidat déjà déclaré à la Présidence pour le Tavini huiraatira, Moetai Brotherson, le tourisme et le secteur Primaire constituent les « deux piliers » de l’indépendance économique. Dans cette perspective, les « souverainistes » se disent prêts à voir débarquer dans nos îles « 600 000 visiteurs » étrangers chaque année. Rien que ça.
Du côté du Amuitahiraa o te nunaa maohi, on soutient que « la Polynésie est une destination pour un tourisme de grand luxe qui créera de nombreux emplois ». L’occasion pour son président historique Gaston Flosse de remettre au gout du jour son projet Mahana Beach, sorti des cartons en 2013, puis rebaptisé « Village Tahitien », moyennant un « investissement estimé à 250 milliard de Fcfp ». Rappelons, à toutes fins utiles, que les lots fonciers disponibles sur le site d’Outumaoro ont (enfin !) tous été attribués à des investisseurs polynésiens, ce qui apporte désormais une garantie de faisabilité quasiment certaine.
Enfin, le dernier mot revient à la liste Ia Ora Te Nuna’a de Teva Rohfritsch et Nicole Bouteau qui vise « 400 000 touristes par an (…) dont 100 000 en petite hôtellerie » ainsi que la « légalisation des casinos au fenua« . Ce à quoi se sont toujours opposées les confessions religieuses… Un objectif de fréquentation bien plus ambitieux que celui soutenu en son temps par l’ex-ministre de Tourisme, la même d’ailleurs qui avait initié les travaux pour l’établissement d’une feuille de route avant que la crise Covid ne passe par là. Il faudra attendre le 16 mai 2022 pour que le président Fritch, détenteur du portefeuille après la démission du gouvernement de Nicole Bouteau, ne relance les travaux pour aboutir à la rédaction finale de ls stratégie Farira’a Manihini 2027, au lieu de 2025 initialement.
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