Territoriales: qui croire au Tavini entre Oscar Temaru et Moetai Brotherson ?

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Le congrès du Tavini huiraatira, organisé le 18 mars sur le site du motu Ovini, a confirmé ce que l’on savait déjà, à savoir que pour remporter les prochaines Territoriales, les indépendantistes sont contraints de « ratisser large » au niveau électoral, quitte à devoir renier leur propre idéologie.

Comme le rapportent nos confrères de Tahiti-Infos, l’indépendance apparaît finalement peu présente dans le programme de gouvernance  du parti bleu ciel.

Seule concession faite par Moetai Brotherson, pressenti à la tête du Pays en cas de victoire: « Le but (ndlr: du prochain scrutin), ce n’est pas seulement de gagner, c’est de diriger ce pays et de l’amener de manière paisible vers sa pleine souveraineté ». Tout en sachant quand même que si l’on s’en tient au seul calendrier de l’ONU pour voir aboutir le processus d’autodétermination…les Polynésiens risquent d’attendre encore longtemps!

Mais la posture du député n’est pas nouvelle. Le 18 décembre 2022, en réponse à son beau père, Oscar Temaru, qui affirmait que les Territoriales de 2023 auraient valeur de référendum  pour la souveraineté du fenua (source: Tahiti-Infos) et que si le parti bleu « venait à atteindre 80% des voix », ce « peuple est prêt à prendre son destin en main », Moetai Brotherson dans ces mêmes colonnes faisait part de son profond désaccord. Et d’émettre quelques doutes « quant au fait que tous les électeurs qui mettront le ticket bleu dans l’urne (ndlr: les 16 et 30 avril prochains) soient indépendantistes ».  A moins, expliquait-il alors,  que « la profession de foi et le programme du Tavini ne comportent qu’un seul point, celui de l’indépendance tout de suite » (…). Ce qu’il refuse catégoriquement.

Cette apparente « sagesse » est-elle de nature à grossir le troupeau d’électeurs bleus ? Ou au contraire, ce ralentissement forcé de la marche vers l’indépendance de la Polynésie, dans l’attente que l’Etat, considéré désormais comme « un partenaire incontournable » daigne s’asseoir à la table des négociations, ne risque t-il pas de démotiver les purs et durs du mouvement ? Réponse dans quelques semaines.

En attendant, le chef de file du premier parti autonomiste, Edouard Fritch, n’est pas dupe des manoeuvres engagées par le jeune prétendant à la Présidence. Une semaine plus tôt, devant près de 5000 militants et sympathisants, le président du Tapura avait exhorté les foules à moins de naïveté au moment de faire leur choix: « Ne soyons pas dupes, le Tavini n’est pas un parti inoffensif (…) c’est une voie sans issue qui nous conduira inexorablement vers l’indépendance, un chemin irréversible vers la pauvreté et l’instabilité ».

Aussi, plus que jamais, le clivage entre autonomistes et indépendantistes a la vie dure. Toute la question aujourd’hui est de savoir dans quel modèle de société voulons-nous vivre demain ?…

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