Vers une crise économique chinoise aux secousses planétaires

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La Chine dévisse et affiche une croissance inexorablement en baisse, à 6,6 % en 2018. Soit son plus bas niveau depuis près de trente ans.

 » C’est assez inquiétant, admet Lei Jun, économiste au Centre d’observation contemporaine, à Shanghai. En dessous de 5 % ou 6 %, certains considèrent que la Chine, qui a besoin de beaucoup de « carburant », peut entrer dans une forme de récession.  » Un scénario noir que n’ose pour l’heure imaginer les autorités, qui reconnaissent toutefois  » une pression baissière  » sur l’économie nationale. L’aveu est rare donc à prendre très au sérieux dans ce pays dopé à la croissance depuis la fin de l’ère maoïste, et qui génère près de 18 % du PIB mondial. Pour parer au plus pressé, Pékin a mis en place, courant janvier, un plan d’investissement visant des projets d’infrastructures tout en simplifiant certaines formalités bancaires. Des mesures saluées, mais insuffisantes pour relancer la machine et l’accompagner sur le long terme.

Comment expliquer ce recul ? Pour Lei Jun, les facteurs sont multiples : une demande intérieure qui marque le pas, une bulle immobilière qui menace d’exploser, une dette qui s’alourdit.  » Sans compter la hausse des défaillances d’entreprise et l’impact du duel commercial engagé avec les Etats-Unis depuis plusieurs mois « , poursuit l’économiste. Résultat : le géant d’Asie vacille et fait l’expérience d’un chômage de masse inédit, lequel frappe à Shenzhen comme ailleurs près de 5 % de sa population active. Du jamais-vu en République populaire de Chine. Et les projections ne sont pas bonnes : celles-ci tablent sur une croissance à 6,3 % pour 2019. Un taux qui serait jugé excellent en Europe mais qui, vu de Pékin, inquiète. Les analystes et, dans leur sillage, de nombreuses places boursières redoutent désormais une crise chinoise aux secousses planétaires.

Ces données montrent en effet un essoufflement de certains marchés jusqu’alors porteurs. A l’instar de l’automobile qui, sur un an, a baissé de 3 % (et de presque 14 % pour le seul mois de novembre dernier), avec quelque 20 millions d’unités vendues en Chine. Autre secteur dans la tourmente, celui des smartphones, dont les livraisons ont chuté de 11 % au dernier trimestre 2018. Apple pour qui la Chine est un important fournisseur et le premier marché a vu ses ventes s’effondrer de 22 % sur cette période, selon le cabinet Strategy Analytics Idem pour les assurances ou le secteur manufacturier, qui ont traversé l’année 2018 dans le rouge.

Ce que traverse actuellement l’économie chinoise ne serait donc qu’une période nécessaire de transition. Mais qui pourrait durer si les choses s’enlisaient. Si par exemple le bras de fer commercial avec Washington devait se durcir. Ou si la demande mondiale « venait à baisser fortement », relève Mahamoud Islam, spécialiste de l’Asie chez Euler Hermes. D’où la nécessité, estime ce dernier, d’accélérer les réformes visant notamment les grandes entreprises d’Etat surendettées. Et d’ouvrir davantage le secteur financier, que Pékin tente d’assainir depuis plusieurs mois à travers un renforcement de la réglementation et des règles de supervision. Une plus grande ouverture de ce secteur permettrait, selon Mahamoud Islam, de « renforcer les flux d’investissement, de réduire la dépendance au financement domestique, et in fine de renforcer la croissance économique chinoise ».

Mais le régime est-il prêt à jouer le jeu ? Il n’a probablement pas d’autre choix. Car, aujourd’hui, « le risque financier que porte la Chine est inquiétant », considère l’économiste. Les investisseurs, eux, n’ont pas attendu les derniers chiffres pour commencer à se replier : l’indice de la Bourse de Shanghai a perdu 27 % depuis un an, quand celui de Hong-kong cédait 16 %.

Le géant chinois croule sous le poids de sa dette publique. Véritable bombe à retardement, celle-ci s’élève désormais à près de 30 000 milliards de dollars. Au total, l’empire du Milieu serait endetté à hauteur de 256 % de son PIB, une proportion deux fois et demie plus élevée qu’en France. Un montant qui représente près de 20 % de l’endettement mondial. Vertigineux ! « C’est une dette élevée, certes, mais détenue à 100 % par les Chinois, relève Xinghang Li, responsable des marchés émergents à OFI Asset Management. Les risques de contagion sur des économies tierces sont donc limités. »

Source: Yahoo actualités

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