CST: taxer les salaires de plus de 600 000 Fcfp ne suffira pas…

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A l’évidence, cette solution – pour l’instant – retenue par le gouvernement Brotherson pour compenser la suppression de la TVA sociale à compter du 1er octobre prochain, fait de moins en moins l’unanimité. Explications.

Une chose est sûre: le Tapura huiraatira, par la voix de son leader, Edouard Fritch, invité dimanche au Journal de Polynésie 1ère, n’est plus le seul à émettre de profondes réserves quant aux conséquences potentiellement dramatiques de cette décision éminemment politique. Même Nuihau Laurey, l’un des leaders de A Here Ia Porinetia, interrogé sur le sujet, n’a rien trouvé à redire sinon de rappeler que les taux de CST ont déjà été revalorisés il y a un peu plus d’un an.

Le problème est simple, pour l’année 2024, le Pays va devoir trouver 8 à 9 milliards de Fcfp pour pouvoir assurer la pérennité de la protection sociale généralisée (PSG).

Le nouveau locataire de la Présidence a déjà annoncé vouloir « taxer » celles et ceux qui gagnent plus de 600 000 Fcfp par mois. Ira t-il chercher l’argent manquant uniquement dans la poche des salariés ? Ils sont moins de 10 000 dans cette tranche haute des revenus déclarés à la Caisse. Et/ou bien, dans celles d’autres acteurs économiques comme les commerçants, les libéraux et même les patentés qui, jusqu’ici, sont moins impactés par cette contribution, sorte d’impôt sur le revenu à la polynésienne ?

L’exercice est extrêmement périlleux pour le gouvernement. Dans la première hypothèse, il ne manquera pas de s’attirer les foudres des syndicalistes, à commencer par Jean-Paul Galenon à la tête de la CSTP-FO toujours enclin à défendre ses troupes de fonctionnaires (enseignants et autres). Pour lui, c’est clair: c’est la ligne rouge à ne pas franchir. D’autant qu’avec 600 000 Fcfp, à ses yeux, on n’est pas « spécialement riches ». Elargir l’assiette de contribution à d’autres (commerçants etc) est une autre tentation tout aussi risquée car le moment n’est pas venu de casser la croissance et la création d’emplois.

En revanche, le président Brotherson a une carte à jouer, celle de la solidarité de l’Etat. L’ex-président Edouard Fritch, a bien tenté en fin d’année 2022 de ramener le gouvernement central au financement de la PSG à hauteur de 5 milliards de Fcfp par an, pendant trois ans. En vain. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, attendu ces jours-ci dans nos îles, pourra t-il plaider en notre faveur au nom d’un partenariat renforcé, pourquoi pas ?…

Allez, quelques jours encore à patienter…en espérant que durant les 90 minutes consacrées au bilan des 100 jours de sa « dream-team », le président Brotherson aura le courage d’abattre ses cartes sur le sujet. Faute de quoi, les observateurs devront arriver à la conclusion que la décision de supprimer la TVA sociale a effectivement été prise dans la précipitation, comme le soutient Edouard Fritch, et que pour l’heure son « grand argentier » est toujours en quête du meilleur moyen de substitution.

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