Législatives: débat sur les chiffres

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Lors des deux premiers débats organisés mardi et mercredi soir par TNTV avec les candidats finalistes retenus pour le second tour des Législatives, le 18 juin prochain, plusieurs chiffres ont été avancés de part et d’autre. De quoi donner le tournis aux téléspectateurs…A moins qu’il ne s’agisse ici de les faire rêver ? Mais retour aux réalités!

Une satisfaction, tout d’abord: les échanges ont été, somme toute, très cordiaux. Au delà de leurs divergences profondes, Nicole Bouteau et Tematai Legayic d’une part, Tepuaraurii Teriitahi et Steeve Chailloux d’autre part, ont chacun défendu leurs positions respectives, sans attaques personnelles, ni agressivité stérile. Rien à voir avec l’appel à la modération, notamment sur les réseaux sociaux, lancé quelques heures plus tôt par Moetai Brotherson et ses camarades, tant leurs militants bleus sont remontés à bloc. Car, en la matière, il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre…et encore moins comprendre.

Il n’en reste pas moins que faire de la politique ne se résume pas à tracer des plans sur la comète. Pour faire simple, à prendre ses désirs pour des réalités! Car même trois députés polynésiens, du même bord politique, parmi une représentation nationale de 577 hommes et femmes, sont quantité négligeable pour faire avancer les dossiers. A moins d’appartenir à une majorité absolue: Nupes (Mélechon et autres) ou Ensemble avec Macron ? Réponse le 18 juin au soir.

L’inflation

De quoi a t-il été question durant ces débats ? De cherté de la vie naturellement, avec une inflation qui revient au galop, frappant toutes les économies mondiales et à plus forte raison la Polynésie française isolée au beau milieu du Pacifique. Elle atteint divers degrés: 7% en moyenne dans l’ensemble européen, près de 10% aux Etats-Unis contre 17% en Russie qui commence à ressentir les effets des sanctions économiques liées à la guerre en Ukraine. A en croire Tematai Legayic, l’augmentation des prix au fenua serait de « 20% », un chiffre grossier qui ne reflète pas la réalité et encore moins les indicateurs de l’Institut de la statistique (ISPf) qui fait référence en la matière. Ce qui n’enlève rien aux difficultés nouvelles d’acheter une boite de Punu Pua Toro dont le prix, en l’espace de quelques mois, est passé de 400 à 700 Fcfp l’unité.

A qui la faute ? Certainement pas à la TVA sociale de 1% qui, depuis le 1er avril, exclut les PPN (produits de première nécessité comme le Punu, les pâtes etc) et les PGC (Produit de grande consommation). Mais plutôt à la flambée des tarifs du fret maritime puisque nombre des articles alimentaires sont importés par bateau en provenance d’Europe et des Etats-Unis principalement. Mais il est tellement plus vendeur de jeter la pierre au gouvernement Fritch ou encore aux enseignes Carrefour entre autres, que les candidats Tavini et leurs fans s’en donnent à coeur joie….Ils oublient, en revanche, que la collectivité a déjà consacré près de 10 milliards de Fcfp dans le budget 2022 pour compenser la hausse des cours du blé (farine), des hydrocarbures ou encore de l’électricité fournie par EDT.

Et puis, nous aurions envie d’ajouter que l’inflation « importée » est pointée du doigt seulement lorsque ça arrange le soit disant « petit peuple ». Celui des contestataires, adeptes de facebook. A notre connaissance, la consommation d’obus Hinano pour la bringue du vendredi soir ou de menus mc Donald n’a pas baissé depuis le début de la crise. Dernièrement, nous avons dénoncé la vente de chocolatine à 350 Fcfp dans un commerce réputé du centre-ville et quelle ne fut pas notre surprise de constater au travers les nombreux commentaires que, majoritairement, les internautes n’y trouvaient rien à redire. Comme quoi, tout est une question de priorité dans la vie.

Dette nucléaire à la CPS: combien ?

Ensuite, la dette nucléaire vis-à-vis de la CPS n’en finit pas d’agiter les états-majors politiques. C’est à celui qui réclamera le plus d’argent à l’Etat français ! Steeve Chailloux, le plus véhément sur le sujet, « exige » pour « son peuple » (sic) le remboursement des dépenses liées au traitement des maladies radio-induites depuis 1977, soit ni plus ni moins que 100 milliards de Fcfp. La moitié des versements annuels de l’Etat en Polynésie française. Il promet même que la question figurera dans le marbre de la prochaine réforme constitutionnelle. Pourtant, ce chiffre prête à contestation tant il ne repose sur aucune comptabilité sérieuse en l’absence d’archives. Les échanges Reko Tika, voulus par Edouard Fritch, ont plutôt tablé sur une prise en charge à hauteur de 80 milliards. Mais quel que soit le montant « du » par la France, si tant est que tous les cancers soient consécutifs aux expérimentations nucléaires quand on mesure les comportements à risque (malbouffe, alcool, tabagisme) dans nos îles…, on se demande finalement si les indépendantistes seraient très heureux de recevoir une telle cagnotte ? Car, au final, leur seul leitmotiv consiste à dénigrer la « puissance coloniale »…Point final.

Enfin, comme pour faire plaisir au « camarade » Bryant, l’écologiste polynésien, les candidats députés indépendantistes accordent beaucoup de crédit à la promesse de Jean-Luc Mélenchon l’insoumis de consacrer la bagatelle de 120 milliards de Fcfp à la transition énergétique. L’improbable 1er ministre de la république française s’y voit déjà…Quant Emmanuel Macron pourrait faire figure de « petit joueur » avec son Fonds Vert à…seulement 7 milliards de Fcfp. Mais là encore, plus qu’une simple question de gros sous, nos élites feraient mieux de commencer par ouvrir les yeux de la population sur les conséquences du dérèglement climatique, tout en faisant la promotion du chauffe-eau solaire et des véhicules électriques. Voilà à quoi devrait servir l’argent de la France. Mais au pays du 4×4 polluant au diésel et de la Porsche Cayenne, la partie est loin d’être gagnée!

Quant à dire que c’est l’introduction du Code civil qui « a tout déstabilisé » selon Steeve Chailloux et que donc, c’est (encore) à la France de payer pour les problèmes fonciers rencontrés au fenua, ce discours vire à l’obsession bête et méchante. C’est surtout oublier que le gouvernement d’Edouard Fritch a institué une aide financière à la sortie de l’indivision qui, régulièrement, fait les beaux jours de nombreuses familles polynésiennes. Et puis, stop à la démagogie: celles et ceux qui sont propriétaires de plusieurs dizaines d’hectares ne vivent certainement pas dans la précarité comme l’affirme l’anthropologue de formation.La vente de leurs terres est clairement assumée. Ici comme ailleurs, l’appât du gain facile, sans travailler, est devenu une réalité que l’on ne peut ignorer.

 

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