Référendum en N-C: la Chine en arbitre

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Y a-t-il un bug dans la matrice ? … Tout le monde se souvient de cette, désormais culte, référence au film Matrix.

Sauf que la répétition de la scène se passe de nos jours et en Nouvelle Calédonie : on revote exactement comme il y a deux ans. Exactement la même question “Oui ou Non à l’indépendance”. Dans exactement les mêmes conditions : le vote est héréditaire de droit pour une fraction de la population alors que sont exclus du corps électoral environ 22 % de la population directement concernée.

Le “bug”, la répétition de la même scène à l’identique, n’est dû qu’au seul fait que le NON à l’indépendance l’ait emporté il y a deux ans. C’eût été le contraire, le OUI au référendum sur l’indépendance l’aurait emporté, la Nouvelle Calédonie serait d’ores et déjà indépendante, et l’on ne “referait pas le match”. On peut bien sûr s’interroger sur le sens de ce type de disposition dans l’Etat de droit français. D’autant plus que le Président de la République semble s’être fait récemment le champion du NON au séparatisme.

La cause en est essentiellement politique et remonte dans la fabrication d’accords très “spéciaux” : les “Accords de Matignon”, suivis des “Accords de Nouméa”, qui peuvent se situer ainsi totalement en dehors de notre Constitution, au seul “bénéfice” d’une loi sur mesure, dite “organique”, bien sûr que temporaire… depuis plus de 20 ans… 30 ans si l’on prend comme point de départ les “accords de Matignon-Oudinot”.

Mais au-delà des vieilles “recettes” politiques en jeu, quels sont les vrais enjeux économiques en Nouvelle-Calédonie ?

La Nouvelle Calédonie a beau être une partie de la France, certes faiblement peuplée (300.000 habitants environ), elle n’en est pas moins la deuxième réserve de Nickel au monde (et le 3ème producteur) et permet d’offrir à la France (avec la Polynésie) la première ZEE maritime (Zone Économique Exclusive) au monde, à égalité avec les Etats Unis. Ses fonds marins regorgent de terres rares (l’épine dorsale) de la transformation numérique et énergétique à venir) sous forme de nodules polymétalliques. Et sa biodiversité est la seconde la plus variée au monde, ouvrant la voie à de multiples applications innovantes dans le domaine médical et thérapeutique.

Le Vanuatu voisin, (ex Nouvelles Hébrides, condominium Franco-Britannique devenu indépendant il y a 30 ans) est passé de fait sous domination économique chinoise : port en eaux profondes, réseau de télécommunications, infrastructures, commerce etc.. idem pour 8 autres Etats insulaires du secteur. Bloqués par les Américains dans la Pacifique Nord, les Chinois avancent désormais leurs pions (à la vitesse grand V) dans le Pacifique Sud.

Les Australiens ne s’y sont pas trompés d’ailleurs : ils ont même commandé des sous-marins à la France qui s’est seulement contentée d’empocher les commandes, sans peut-être tirer la logique jusqu’au bout pour sa propre intégrité territoriale. Mais la poche gauche ignore souvent ce que fait la poche droite.

Or, actuellement, la situation économique en Nouvelle Calédonie est conjoncturellement à un bas étiage : la crise de la Covid-19, même si elle a été remarquablement gérée (aucun décès ! , a contrario de la Polynésie voisine) a fait des dégâts sur les comptes : le quasi-arrêt du commerce international et de la production automobile mondiale ont amené l’Usine de Nickel du Sud appartenant au groupe brésilien Vale à rechercher un repreneur. Or, après qu’un conglomérat australien, suffisamment dissuadé, ait déclaré forfait (alors qu’aucun groupe français ne se soit porté candidat… bien que l’Airbus des batteries au Nickel a été violemment abondé dans le plan de relance… Allez comprendre), les Asiatiques, déjà présents dans l’Usine du Nord, se démasquent et pointent déjà le bout de leur nez. L’indépendance, très logiquement, arrangeraient bien leurs affaires. C’est un euphémisme.

Et s’ils savent souvent aider à trouver la bonne rhétorique “libératrice du joug colonial” (quoiqu’à Hong Kong et pour les Ouïghours…), ils savent toujours “sortir le portefeuille” au bon moment. C’est ainsi qu’ils ont pris possession de l’Afrique. Au plan économique, bien sûr, car politiquement, comme chacun le sait, l’Afrique n’est constituée que d’Etats pleinement indépendants et totalement souverains.

Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain (Les multinationales émergentes, International Corporate Governance, Le temps des turbulences, Wanamatcha ! et La prophétie des pétroglyphes, récemment paru en librairie).

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Source: Yahoo actualités

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