La place de la Polynésie sur la Route de la soie… »un signe de crédibilité » selon le président Fritch

0

Dans le cadre du colloque « Indo-Pacifique et Routes de la soie », le président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a prononcé, mardi matin, un discours à l’université de la Polynésie française.

« Le sujet qui nous est proposé est d’un grand intérêt et d’une grande réalité pour nos pays insulaires du Pacifique. C’est ce qui justifie ma présence ce matin parmi vous. », a déclaré le Président.

Avant d’aborder les sujets de la Route de la soie et de l’Axe Indo-Pacifique, le président a rappelé que la Polynésie française est membre du Forum du Pacifique depuis septembre 2016. Cette organisation politique régionale rassemble les dix-huit pays indépendants et autonomes du Pacifique. La présence active au sein du Forum et des autres organisations du Pacifique telles que la Communauté du Pacifique, permet à la Polynésie française de bien connaître l’état d’esprit et les préoccupations des amis du Pacifique.

Un autre élément, de type géostratégique, singulier à la Polynésie française, est à prendre en compte. Il s’agit de sa position géographique dans l’hémisphère sud du pacifique oriental. A l’instar d’Hawaii au nord, la Polynésie française est la porte sud vers les Amériques. Hawaii et la Polynésie française sont les deux portes, nord et sud, qui ouvrent vers toute la façade pacifique des Amériques.

Au 21ème siècle, cette position géographique à l’entrée sud du Pacifique reste un atout géostratégique pour toutes les formes modernes de connectivité, telles que les voies aériennes, maritimes et de télécommunications par fibre optique. Le grand couloir de l’hémisphère sud du Pacifique qui pourrait relier l’Asie à l’Amérique du Sud est pratiquement inexploité. C’est un couloir intéressant pour les grands pays d’Amérique du Sud et d’Asie qui sont en train d’intensifier leurs échanges commerciaux et diplomatiques. De cette réalité géographique, la Polynésie française se situe sur un axe de circulation qu’elle pourrait transformer en atout de développement, car étant située sur l’axe Amérique du Sud – Asie.

« Ces éléments de contexte doivent être présents dans vos esprits afin de mieux comprendre notre perception et notre vision des deux initiatives que sont la Route de la soie et l’Axe indo-pacifique », a souligné Edouard Fritch.

Sur la thématique de la route de la soie, les relations entre la Polynésie française et la République populaire de Chine se sont développées depuis 2003. Ces relations sont devenues des relations d’amitié qui ont conduit les différents gouvernements polynésiens à signer un protocole d’accord avec l’Association du Peuple Chinois pour l’Amitié avec l’Etranger. Ces bonnes relations entre la Polynésie française et la Chine ont permis de nombreux échanges et visites réciproques, par des entreprises, par des autorités politiques communales ou gouvernementales ou par des étudiants. C’est ainsi que la société Hainan a acheté deux hôtels en Polynésie. Ce groupe exploite ces hôtels depuis trois ans.

« C’est par l’intérêt commun manifesté par des investisseurs privés chinois et par tous les gouvernements polynésiens de tout bord, que la Chine a choisi de placer la Polynésie française sur la Route de la soie. Pour ma part, j’estime que notre place sur cette Route de la soie est un signe de crédibilité, de sérieux et de fiabilité. Grâce à cette reconnaissance, nous sommes ouverts aux investisseurs privés chinois, comme nous le sommes vis à vis de tout investisseur américain, français, européen, samoan ou néo-zélandais, dans des secteur d’activités économiques débouchant sur les marchés extérieurs, comme le tourisme ou l’aquaculture. », a ajouté le Président. « En résumé, il faut savoir tirer les potentialités de cette Route de la soie tout en préservant notre âme, notre dignité et notre Autonomie. » a-t-il également ajouté.

L’axe Indo-Pacifique

« Nous avons découvert cette idée de l’axe Indo-Pacifique à la suite d’un discours du Président de la République tenu à Nouméa en mai 2018. C’est une annonce très intéressante venant d’un grand leader européen et qui marque une volonté politique nouvelle à l’égard du Pacifique. Ayant un passeport européen et attaché à la République française, j’applaudis tout naturellement à ce que la France ait un regard enfin attentif à cette région. Je plaide pour que l’Europe soit présente et politiquement active dans cette région, en s’appuyant sur ces trois pays et territoires d’outremer de cette zone, la Calédonie, Wallis et Futuna, Polynésie française. Je considère donc cette initiative du Président Macron comme une offre supplémentaire et alternative, pour nos pays du Pacifique, vis à vis de la Route de la soie. », a souligné le président Fritch sur la thématique de l’axe Indo-Pacifique.

« A cet égard, il convient de donner du corps et du concret à ce concept d’Axe Indo-Pacifique. La France et l’Europe doivent décliner les objectifs et les moyens qu’elles veulent définir pour un rapprochement et une coopération entre le Pacifique et tous les pays qui seront sur le chemin de cet axe Indo-Pacifique. La France et plus généralement l’Union Européenne se distinguent et sont des fers de lance sur le sujet environnemental et du réchauffement climatique. Face à l’isolement géographique, nous, pays insulaires, sommes confrontés, au quotidien, au défi de la transition énergétique et climatique. L’océan est notre vivier économique. Protéger nos océans, c’est protéger nos peuples, nos ressources et notre avenir. L’axe Indo-Pacifique doit pleinement occuper ce créneau environnemental dans la construction de la coopération avec le Pacifique. C’est pourquoi, chers amis, je ne veux pas opposer ou mettre en compétition les initiatives de la Route de la soie et de l’axe Indo-pacifique. Ce serait une erreur. », a poursuivi le Président.

« Nous, pays du Pacifique, devons considérer que ces deux offres présentées par deux grandes puissances, la Chine et l’Europe, sont compatibles et sont une chance pour chacun de nos états ou pays du Pacifique. Ces deux initiatives sont les bienvenues pour notre région. Elles seront bien accueillies dès lors qu’elles viennent soutenir des projets définis et conçus par les pays du Pacifique et qui répondent à leurs besoins vitaux ou à leurs besoins de développement économique. Autrement dit, ces deux initiatives ne doivent pas être perçues par les pays du Pacifique comme des outils subtils de nouvelles dominations ou d’une forme de néocolonialisme. Ces deux initiatives doivent être bénéfiques pour promouvoir la paix et l’amitié entre les peuples, pour l’essor économique, pour le combat contre le changement climatique, pour la connectivité des peuples, pour la concorde universelle. », a conclu le président Edouard Fritch.

Source: Gouvernement

Loading

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :