Pour que les eaux internationales ne soient plus considérées comme une zone de non-droit…

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Le cinquième Congrès international des aires marines protégées – IMPAC5, organisé à Vancouver au Canada est arrivé son terme.

Hier, dernier jour des festivités, Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de la Culture, de l’Environnement et des Ressources marines, a participé à une réunion aux côtés de ses pairs ministériels et de plusieurs personnalités.

En préambule de son intervention, le ministre est revenu sur la place et le caractère sacré qu’occupe l’Océan Pacifique dans la vie des Polynésiens, et particulièrement celles de leurs ancêtres « Peuple de la mer ». Ces derniers ont acquis des connaissances pour survivre dans les îles et gérer leur environnement malgré les cyclones, les tsunamis, les inondations, les sècheresses ou encore les maladies, etc.

Heremoana Maamaatuaiahutapu a remercié les organisateurs d’avoir mis en avant les peuples et les savoirs autochtones lors de cette conférence, mais appelle à ce que ces savoirs et cette gestion traditionnelle soient enfin pris en compte et respectés par les instances internationales.

En effet, plutôt que d’interdire toutes activités et privatiser l’océan, la Polynésie française se positionne comme défenseur de « « Tainui Ātea », à travers la mise en place de plusieurs dispositifs, notamment les aires marines protégées (AMP). Un dispositif grâce auquel les polynésiens sont principalement acteurs de la protection et de la gestion de leur Zone Economique Exclusive (ZEE).

Pour étayer ses propos, il a rappelé les paroles de l’auteur Tongien ‘Epeli Hau’ofa : « Oceania is us. We are the sea, we are the ocean » avant de poursuivre ainsi : « cette maison construite par nos ancêtres, nous a été léguée. Nous la gérons pour la léguer ensuite à nos enfants avec nos objectifs et nos outils. Alors nous demandons à ce que notre façon de faire soit respectée, car c’est le résultat de millénaire d’expériences. »

Par ailleurs, pour la Polynésie française, l’objectif ambitieux de classer 30% des ZEE en AMP à l’horizon 2030 ne doit pas se transformer en une nouvelle forme de domination des pays de l’hémisphère Nord sur ceux de l’hémisphère Sud, entre les grands pays et les petits états insulaires, dont les économies sont fragiles.

Il ne s’agit surtout pas de demander aux seuls pays du Pacifique de faire des efforts pour lutter contre le changement climatique auquel ils ne contribuent que peu ou pas du tout, et laisser les pays développés continuer à polluer et détruire la nature au nom du développement économique.

« Les pays du Pacifique font leur part. Pourtant, ce n’est jamais assez ! On nous demande toujours plus ! Et pendant que certains prennent encore le temps de discuter des actions à mettre en œuvre pour limiter le changement climatique, pour de nombreux autres pays, en particulier les peuples des îles, le temps est désormais à l’action. » a-t-il martelé lors de son intervention.

Il a ensuite demandé que des mesures fortes soient prises concernant les eaux internationales qui sont une zone de non-droit et de ne surtout plus détourner les yeux sur ce qui se passe au-delà de la ZEE, afin de lutter contre le pillage de l’Océan Pacifique. « Au lieu de considérer cet espace comme libre de tous nos excès, élevons-le au rang d’Héritage pour nos Générations Futures » a déclaré Heremoana Maamaatuaiahutapu.

Il a fait pour cela deux propositions concrètes : la construction d’un Grand Mur Bleu dans le Pacifique comme annoncé par le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch au One Ocean Summit à Brest afin de soutenir les Etats du Pacifique à développer leurs économies et les aider à sortir du cercle infernal de la vente de licences de pêche ou de licences d’exploitation des fonds marins à de grandes sociétés étrangères, et le classement des eaux internationales, soit environ 70% de l’Océan Pacifique, en aires marines protégées sous très forte protection, avec interdiction de toute activité de pêche ainsi que toute exploitation des fonds marins afin de protéger la biodiversité, et fournir des ressources et des services écosystémiques viables et durables pour tous les insulaires du Pacifique.

source: Gouvernement

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